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La belga Signora del pianoforte

7 Décembre 2020

Salvatore Sclafani

Enfant prodige, apprezzata in ambito internazionale, la pianista belga Eliane Reyes vanta una brillante carriera artistica. Dall’incontro con Martha Argerich all’età di 14 anni, ai numerosi concerti in sale prestigiose come il Concertgebouw di Amsterdam o il Musikverein di Vienna, fino alle sue esibizioni per la casa imperiale del Giappone, Eliane è sempre stata animata da una forte curiosità intellettuale che l’ha resa un’interprete fine ed eclettica. Profondamente convinta della necessità di un dialogo profondo tra la musica e le altre arti, non è raro vederla affiancata sulla scena da scrittori, attori e filosofi. È Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres della Repubblica francese, prima pianista belga a ricevere un tale riconoscimento.

Salvatore Sclafani, nostro corrispondente da Bruxelles, è andato a intervistarla per TGmusic.it. Eliane racconta la sua vita da musicista in Belgio durante la pandemia di COVID-19, ma anche della sua attività di pedagoga, dei suoi ricordi legati all’Italia e dei suoi progetti futuri.

https://www.tgmusic.it/la-belga-signora-del-pianoforte-intervista-a-eliane-reyes/

Focus: Albert Dupuy

1 Juin 2020

Jean-Charles Hoffelé

Un piano d’arpèges exhausse une mélodie qui une fois entendue ne pourra plus s’oublier dans sa montée, ses replis, son poème de parfum. Fauré ? Non, Albert Dupuis qui ouvre sa Sonate de 1922 par un Moderé pastorale dont l’approfondissement fera paraître une nostalgie certaine. Quelle merveille, comment expliquer qu’une des plus belles sonates produites par la Schola Cantorum reste si ignorée des violonistes, alors même qu’à l’égal de celle de Guillaume Lekeu, elle innove par rapport à Franck, agglomère d’autres univers, loin de tout rigueur : écoutez le Scherzo où semble rire un faune.

Partition magique, qui permet de retrouver l’archet si beau, diseur, capricieux, de Gaëtane Prouvost que le piano d’Eliane Reyes habille d’un jardin.

Le Lent qui suit déploie un récitatif commencé chez Franck mais qui soudain cherche ailleurs – il y a quelque chose d’anglais, un peu Elgar, tropisme certain chez les musiciens des Flandres – puis cela rêve sur les harmonies chaudes du piano, entre Lekeu et Debussy, nocturne en échappée belle. Le Finale roule une tempête, c’est le plus proche de l’esprit de Franck mais avec une fantaisie capricieuse dans le sombre, des harmonies osées, qui seront restées inconnues de l’auteur des Béatitudes.

Après l’élève, le maître. L’Andante placé en exergue de la Sonate de 1903, part de Bach et va jusqu’à Schumann, puis un chant s’élève comme cueilli lors d’une promenade dans les Cévennes. Tout D’Indy en une poignée de minutes.

Et la Sonate ? Le piano introduit un motif avec une élégance de temple classique, le violon vient y contre-chanter, D’Indy cherche à plier la perfection de la forme franckiste à un idéal rapsodique, creuse les harmonies, et puis cède pour un poème divagant, quel voyage que ce Modéré !

L’Animé qui suit, pizzicatos et piano guitare, est une sérénade pleine de piquant, où l’archet dévide des rubans fantasques, saute, retombe, imite la vièle, plus du tout Franck … mais tout de même ce chant beau comme un choral dans le trio. Le Finale commencera dans une lumière de pénombre, D’Indy vous prend par la main.

Disque magnifique, jusque dans son épilogue, un « sospiro » écrit par Ermend Bonnal au lendemain de la Grande Guerre pour la Reine des Belges qui aimait caresser les cordes de son violon d’un archet discret. Un si beau duo nous doit demain d’autres disques.

Ces musiciens qui se filment dans leur confinement

28 Mars 2020

Victoria Tomoko Okada

En ce jour du « World Piano Day » au 88e  jour de l’année (comme le nombre de touches d’un piano moderne standard), dont de plus en plus d’industries de disques et autres acteurs de la musique (classique et autres) profitent, cela n’empêche pas de vous proposer des vidéos postés par des pianistes !

Attention ! On peut procéder à une analyse savante sur différentes interprétations de grandes œuvres : tension, nuances, sonorité, intensité… C’est l’une des activités préférées des mélomanes avertis. Aujourd’hui, nous proposons Tartine au beurre. Version n° 1, Eliane Reyes sur sa page FaceBook ; version n° 2, Paul Montag (que nous avons déjà présenté pour une Invention de Bach par jour) également sur sa page FaceBook. Laquelle préférez-vous ?

https://toutelaculture.com/musique/classique-musique/ces-musiciens-qui-se-filment-dans-leur-confinement-11/

Un autre Beethoven : en quête de l’immortelle bien-aimée.

8 Février 2020

 

Vincent Béry

En cette après-midi  du 8 février, Patrick Poivre d’Arvor et Eliane Reyes évoquent avec une ferveur pudique et distanciée  la vie intime et amoureuse de Beethoven, domaine nébuleux de la biographie du maître.

Au-delà d’une enfance malheureuse, et d’une adolescence marquée par la précoce mort maternelle , le maître de Bonn, éternel célibataire, tombera toujours amoureux de femmes inaccessibles soit par leur rang social aristocratique, soit parce que déjà mariées! Si l’on peut peut-être supposer l’esquisse d’une relation avec l’une ou l’autre dédicataire de certaines œuvres pianistiques (quatrième sonate opus 7 , " l'amoureuse" - à la comtesse Babette de Keglevies -  les deux sonates opus 27 « quasi una fantasia «  - dont la célèbre « Clair de Lune » - à Giulette Guicciardi), la grande énigme demeure l’identité réelle de l’ « Immortelle Bien-aimée » pour laquelle le Grand Sourd écrira les 6 et 7 juillet 1812  trois lettres –probablement jamais envoyées- depuis Toeplitz en Bohême où il prenait les eaux.

 

Pour ce concert-lecture, Patrick Poivre d’Arvor reprend l’hypothèse de Maynard Solomon suivant laquelle, au petit jeu du cryptage par la seule initiale du prénom -un  laconique T.-  l’aimée ainsi désignée, serait Antonia ("Toni") Brentano, alors en séjour à Karlsbad tout proche. Beethoven dédiera des années plus tard à la fille de Toni sa sonate opus 109 et à la (présumée ?) Immortelle les 33  variations sur une valse de  Diabelli opus 120.

En outre, à la même époque des lettres a lieu à Toeplitz l’unique rencontre entre Goethe et Beethoven, probablement organisée à l’instigation de Bettina Von Arnim-Brentano, amie intime du grand écrivain et …propre belle-soeur de Toni : une "occasion manquée" entre deux génies, avec un Beethoven intraitable et peu sociable et un Goethe  d'une vile flagornerie à l'égard de la famille impériale incidemment croisée.

Ce rendez-vous  presque mythique devient ainsi le prétexte de la seconde partie du spectacle, par la déclinaison de quelques célèbres poèmes de Goethe (entre autres le Roi des Aulnes, ou Connais-tu le pays..),- choix textuel  à vrai dire plus proche de l’univers… du lied schubertien - entrelacés de quelques unes des variations Diabelli, assez éparses et un peu décontextualisées hors de leur trajectoire globale.

 

De même, plus avant, le choix de mouvements de sonates peut s’avérer frustrant pour le mélomane, juste rattrapé par la conjonction efficace entre récitant et pianiste, déjà bien éprouvée lors d’un précédent spectacle  identiquement conçu et consacré à Chopin. Par sa sensibilité à fleur de peau doublée d’une grande rectitude stylistique, par un toucher cristallin d’une rare sensibilité, Eliane Reyes assure une prestation pianistique de haute tenue, osant un Beethoven lumineux, attachant, terriblement humain, et oserions-nous le cliché, plus tendrement « féminin»,  par son propos lyrique et énamouré.

Un duo féminin de charme pour piano et voix enchante la Louvière

20 Janvier 2020

 

Concerts classiques d'Épinal

La musique réserve parfois des rencontres singulières. En recevant son prix lors du prestigieux Concours Reine Elisabeth à Bruxelles, la chanteuse lyrique Spinalienne Héloïse Mas ne se doutait pas que cela permettrait sa rencontre avec la remarquable pianiste belge Eliane Reyes pour notre plus grand plaisir. Eliane Reyes a d'abord pris le chemin de la Cité des images comme Présidente du jury du fameux Concours International de Piano d'Epinal, où elle a su imposer sa grande compétence et séduire par sa personnalité musicale. De là est né le projet encouragé par les Concerts Classiques de présenter les deux artistes dans un concert unique.
Réunies ce dimanche à l'Auditorium de la Louvière, Héloïse Mas et Eliane Reyes ont entamé un dialogue poétique et lyrique délicieux qui a enchanté le public, redécouvrant avec elles la musique française. Alternant la fraîcheur et le feu, inspirées par les vers charmeurs de Paul Eluard et la musique ensorcelante de Francis Poulenc, elles ont déroulé une suite de compositions élégiaques de Debussy, Duparc et Ravel, se jouant des subtilités mélodiques grâce au toucher délicat de l'une et à la voix vibrante de l'autre.
Après l'intermède des Jeux d'eau de Ravel, distillés avec grâce par la soliste au piano et la magnifique incarnation de Shérazade par la chanteuse transportée, le duo voix-piano a interprété avec talent les chansons tziganes du magicien de la musique, Antonin Dvořák, égrenant les mélodies merveilleuses de cette oeuvre d'une grande pureté. Puis le public a plébiscité l'interprétation magistrale des passages virtuoses et de la coda envoûtante de la Valse en fa Majeur de Chopin par Eliane Reyes. Enfin, les sept chansons populaires espagnoles de Manuel de Falla ont permis à Héloïse Mas de projeter sa voix chaude et puissante dans l'espace de l'auditorium en un final éclatant.
Le public conquis a salué avec ferveur la formidable prestation de ce merveilleux duo.

Sirènes 

30 Novembre 2019

Christophe Delecroix

Nous étions bien une centaine, samedi 30 novembre, à vouloir prendre le large pour un périple dans le temps et l'espace, sur le vaisseau majestueux d'un grand piano de concert, naviguant parmi les reflets et les moires des tapisseries du Musée de Saint-Lô. Le musicologue Damien Top, aussi savant que bienveillant, nous guidait, indiquant le cap d'une parole sûre : il s'agissait d'aller découvrir l'archipel du compositeur normand Paul Paray (1886-1979), en passant par les routes et détroits qu'il avait fréquentés, les ports où il s'était attardé : Bach, Schumann, Fauré, Ravel. Nous étions confiants, entre gens de bonne compagnie - une croisière agréable, en somme.

Et puis voilà que du piano des chants inouïs s'élevèrent : des chants d'autrefois, certes, mais qui résonnaient tout nus et tout neufs, brillants et lustrés comme des écailles. Et Bach, et Schumann, et Fauré, et Ravel étaient là, bien là, vivants - et ils accueillaient et se concertaient en souriant avec le nouveau venu, le "petit dernier", ce petit Paul natif du Tréport, arrivé parmi eux, à dix-sept ans, au rythme d'une Tarentelle étourdissante, et qui manifestement connaissait déjà parfaitement leur langue. Alors la joie confiante et rayonnante de Bach allait son pas robuste de pélerin, pulsation cardiaque si parfaitement accordée au rythme d'une marche sereine; la Romance de Schumann se confiait avec une humble ferveur, d'une intériorité et d'une sincérité bouleversantes; la Cantilène nocturne de Fauré ondulait d'un bout à l'autre du clavier, volutes nonchalantes et phrases alanguies de quelque belle en robe de taffetas, quand les lumières du bal s'éteignent mais que reste le souvenir des tourbillons; et Ravel ! Ravel le sorcier astronome, si réservé et comme taiseux devant ce qu'il entend, dont les Jeux d'eau scintillaient en autant d'étoiles dans le silence énigmatique des espaces infinis - comme si l'on assistait aux premiers instants de l'univers...

C’est alors que Paray leur répond : ferveur d'un thème qui ressemble à un choral, allant et précision diaboliques de rythmes déhanchés et d'ondulations vertigineuses, scintillements et carillons d'étoiles aussi, mais tous tenus du début à la fin dans une pulsation constante et inaltérable - et puis une exultation à perdre haleine pour finir, semblable à la fin des Etudes Symphoniques ou du Carnaval de Schumann. Tous : ils étaient tous là dans son Thème et Variations, qui devrait figurer au rang des grandes pièces de concert dans le répertoire des pianistes.

Sorcellerie ? Sortilèges ?

Il est dit que la magicienne Circé invitait à se méfier des Sirènes... Pourtant ce soir-là elles s'étaient entendues : notre grand vaisseau laqué de noir était tombé aux mains d'une sirène magicienne, captivante autant que possédée, d'une sûreté et d'une aisance techniques si évidentes qu'elles rendaient l'oreille disponible pour tout le reste, qui est l'essentiel, et emprunte son nom aux Muses. Eliane Circé ? Sirène Reyes ? Peu importe : la vie, la vraie, était là, constamment vibrante et énergétique, ouvrait grand des ailleurs, installait des espaces ou des minutes (on ne sait plus trop, alors) d'une poésie sans laquelle on étouffe. De n'avoir pu s'y noyer, les marins mal embouchés d'Ulysse n'auront sans doute jamais su ce qu'était respirer.

La raison des sortilèges

15 Septembre 2019

ARTS&LETTRES

Deashelle Nomdeplume

Avec Jean-Yves Clément entretenant brillamment l’entretien, voici le duo improbable de Michel Onfray le Normand et la vierviétoise Eliane Reyes, pianiste émérite, nommée récemment chevalier de l’Ordre des Arts et de Lettres en pays de douce France. Mais  le lieu, dites-vous ?  Cela se passait au cœur d’une abbaye,  une des plus anciennes fondations monastiques de Belgique qui abrite le Musée Guillaume Apollinaire : L’abbaye de Stavelot qui date du VIIe siècle.

La causerie  émaillée de moments musicaux intenses sous les doigts de la fée Eliane a lieu dans le réfectoire des moines , dans une atmosphère d’abbaye de Thélème. Michel Onfray, fondateur de l’Université Populaire  rêve d’une une communauté philosophique construite sur l’amitié et dans laquelle les adhérents s’engagent à construire leur existence comme une œuvre d’art…

Pour Michel Onfray, la Musique commence à émouvoir le futur enfant, dès la vie intra-utérine. Il évoque les bruits organisés ou non, «  engrammés »  dans le système nerveux de l’enfant, dont il restera à l’évidence nombre de traces mémorielles… La musique naît donc avec la vie. La nature est le monde sonore par excellence et J.S. Bach, plus que tout autre compositeur, a su, dans sa musique superbement  organisée, capter la vibration du cosmos. Donner une sorte de cartographie du ciel. On comprend que Michel Onfray, bien que se réclamant de l’athéisme, ne rejette pas la transcendance. Il parle de l’immanence de la musique où se mêlent étroitement le matériel et l’immatériel pour créer une sculpture artistique du Monde sonore. Il souligne aussi l’inévitable interaction des pulsions physiologiques qui scandent l’écriture musicale du compositeur et qui influent forcément sur l’état physiologique de l’auditeur. Il y a le savoir-faire de l’interprète qui, ce soir d’exception, a joué « Jesu bleibet meine Freude » de façon bouleversante. Le tempérament d’Eliane Reyes, revisite le célèbre morceau de Bach dans une interprétation veloutée, voluptueuse, sensuelle, comme  vivifiée  par le romantisme, et la féminité.  Son  jeu nous revient au visage, comme une signature musicale. Musica vita est.Il apparaît que plus on se met à l’écoute du monde avec bienveillance, plus on le questionne, plus on devient philosophe. Plus on se nourrit de musique. Ah le mythe d’Orphée et le lien de Platon avec la musique! Ce qui est sûr c’est que la musique ne fait pas bon ménage avec le Diable. Entendez par là, la soif de pouvoir, le rêve de puissance, l’orgueil, la jalousie, la cupidité. Dans la valse de Chopin interprétée ensuite par Eliane, Michel Onfray a entrevu, une sorte de moment de suspension, « une levée»,  précise Eliane, qui préside à l’intuition philosophique. Ici, on peut entendre la vivante hypothèse   de « l’éternel retour »  point commun entre Nietzsche et le bouddhisme. « Une invagination du temps ».

Michel Onfray se réfère au philosophe Schopenhauer pour qui « La musique traduit, dans sa libre explosion du sein de la conscience humaine, tous les mouvements du vouloir vivre qui anime l’univers. Elle est la langue universelle, aussi claire que l’intuition elle-même ; et pourtant, grâce à ce qu’elle touche de si près à l’essence des choses, elle a en elle on ne sait quoi d’ineffable et de mystérieux. « Elle passe à côté de nous comme un paradis familier, quoique éternellement lointain, à la fois parfaitement intelligible et tout à fait inexplicable, parce qu’elle nous révèle tous les mouvements les plus intimes de notre être, mais dépouillés de la réalité qui les déforme » (Le monde comme volonté et comme représentation, Livre III, §52) »

On écoutera ensuite la transcription  de « La mort d’Isolde » de Wagner  par Liszt, les yeux absolument fermés. Les trémolos de douleur sont soulignés par des accords légers des arpèges qui ressuscitent la vie. On sent son cœur battre plus fort dans le crescendo des sonorités qui  semble étreindre un inaccessible infini. Du désespoir sans fond, émerge le souffle lumineux.Le chapitre suivant traite du romantisme, où la petitesse de l’homme disparaît dans le spectacle sublime de la nature, et s’éteint face à la toute-puissance de la Mort. Mais voici « le Dieu fluvial riant de l’eau qui le chatouille  » dans les Jeux d’eau de Ravel. Eliane Reyes envoie dans son interprétation de Ravel une musique apollinienne, hédoniste, composée de salves de scintillements sonores dans un temps suspendu. Pour Onfray, L’embarquement pour Cythère de Debussy doit verser dans le cérébral, l’abstraction, l’éthéré… Oh que non se rebiffe la pianiste ! Eliane propose pour l’île joyeuse, un jeu sensuel, dionysiaque, liquide, concret où naissent les morsures du désir, les plages inaccessibles, les criques secrètes du plaisir pour le yin et la souffrance, résilience, et danse de feu pour le yang. Eliane Reyes has it all. Le dandy Onfray, a théorisé – avec l’humour qu’on lui connait -, la musicienne Eliane a joué. Le public s’est exalté. La soirée est inoubliable et signe la foi du philosophe en la bienveillance universelle et la musique qui l’accompagne. Après la belle interprétation du bis, la gymnopédie de Satie, aux couleurs de l’été indien enveloppé d’un sourire de madone, on remercie l’organisateur de la rencontre, Virgile Gauthier.

Éliane Reyes, sœur de Chopin

4 Août 2019

LA LIBRE BELGIQUE, MARTINE D. MERGEAY

Pour sa 13e édition, le festival Classissimo continue à affirmer son caractère éclectique et exigeant, alternant classique, tzigane, klezmer et tango, et pouvant compter sur la fidélité d’un noyau d’artistes de haut vol rejoints chaque année par de nouvelles recrues, les premiers adoubant les seconds.

C’est ainsi que le festival - logé au Théâtre du Parc, dont la scène a été aménagée - s’est ouvert vendredi avec la jeune soprano Cécile Lastchenko et ses non moins jeunes amis, alors que la soirée de samedi était confiée à la pianiste Éliane Reyes, une des personnalités les plus en vue de notre vie musicale, nationale et internationale.

Native de Verviers, formée par sa mère, Janine Gillard (comme Wolfgang par Leopold), puis par son beau-père, Jean-Claude Vanden Eynden (en quelque sorte son papa Haydn), elle découvrit le monde à travers la musique, capable, avant même de savoir lire, de reproduire d’oreille, au piano, tout ce qu’elle entendait.

Ce fut le cas de certaines valses de Chopin, un corpus très spécifique avec lequel elle entretient des liens quasiment organiques, à la fois sensibles et esthétiques, et qu’elle a enregistré chez Azur Classical.

Au-delà des trois temps

Il y avait donc affluence, samedi soir, pour découvrir ou redécouvrir Éliane Reyes dans ce répertoire intime, séduisant et beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît.

Ouverture avec la Grande Valse brillante n°1, en mi bémol majeur (et non en si comme indiqué dans le programme…), c’est de bonne guerre, elle est effectivement la plus brillante de toutes, la plus longue et la plus variée, encore inspirée de Weber et de son Invitation à la valse, où l’on entend bien les trois temps et où ça danse !

Mais dès la troisième valse de l’opus 34, c’est tout autre chose qui s’installe, les accents se déplacent, le rassurant rebond rythmique se dissout dans des incises poétiques, des suspensions interrogatives, parfois douloureuses, ou tout simplement des escapades improvisées.

L’art d’Éliane Reyes semble fait de simplicité, de sensualité et de naturel (sauf dans ses petits commentaires d’autopromotion…) et pourtant, peu parviennent comme elle à éliminer de ces Valses tout sentimentalisme, à en déployer le caractère universel, à en dégager les incroyables entrelacs harmoniques, à y faire entendre les voix amies de Scarlatti, Mendelssohn ou Schumann. C’est magnifique, y compris dans les bis (malgré un nouveau petit spot de promo).

Prochain concert ce lundi, avec trois violonistes de la Chapelle musicale, dont Julia Pusker, lauréate du Concours 2019, et la pianiste Christia Hudziy.

Fantastique récital d'Eliane Reyes hier soir à Classicissimo Bruxelles..

5 Août 2019

RESMUSICA VINCENT BERY

Fantas(ti)que récital d'Eliane Reyes hier soir à Classicissimo Bruxelles....comment recréer un monde au creux des paumes et avec dix doigts avec ces valses de Chopin libérées de toute gangue rythmique trop régulière : place à l'imagination de l'instant dans une totale liberté agogique reconquise. 

L'enregistrement studio était déjà très bien, mais il y avait ici délié, poésie, totale maîtrise du son et des plans sonores, avec un soucis de l' éclairage constant des contre-chants.... 
mais ce qui aurait pu n’être "qu'"une fête de l'esprit et de la danse recelait aussi ces moments "noirs" de déprime insondable (opus 34N°2) ou de spleen désepéré (valse de l'Adieu) ...avec leurs doutes et leur grisaille dans un univers si faussement "brillant" .

En bis, une fantaisie-impromptu et un nocturne opus 9n°2 de la plus belle eau et du même acabit....
rentré tard ou tôt - c'est comme on l'entend, avec des étoiles plein les oreilles pour aborder la garde! et oui le quotidien nous rattrape !

Éliane Reyes et Jean-Claude Vanden Eynden captivants pour Brahms

2 Octobre 2017

Agnès Simon

Les pianistes belges Éliane Reyes et Jean-Claude Vanden Eynden enregistrent la Sonate pour deux pianos de Brahms, œuvre phare du répertoire romantique pour deux pianos et ressuscitent les sonates de deux proches de Brahms aux styles bien différents : Woldemar Bargiel et Ignaz Brüll.

L’histoire de la Sonate pour deux pianos de Brahms est connue : lorsqu’il compose en 1861 son quintette à cordes pour deux violoncelles, Brahms se montre insatisfait et, encouragé par Clara Schumann, en propose une version pour deux pianos (1863), qu’il remanie par la suite en quintette pour cordes et piano (1864-65). À la suite de quelques enregistrements (Marie-Joseph Jude et Jean-François Heisser par exemple), ce disque nous rappelle pourtant que la sonate est plus qu’une réduction pour pianos, étape dans la genèse difficile du quintette. Jean-Claude Vanden Eynden, professeur et pianiste très actif en musique de chambre, et Éliane Reyes, à la discographie variée (Chopin, TansmanBacri…), nous en donnent une version à la fois dramatique, puissante et expressive. Ils parviennent à transmettre l’écriture polyphonique très dense, particulièrement dans le long Allegro initial et le Final, sans perdre pour autant le fil du thème principal, grâce à des échanges fluides entre les voix et les deux pianos. L’ensemble laisse une impression de belle texture sonore, différente mais aussi riche que celle d’un ensemble à cordes. Et si le deuxième mouvement peut paraître monochrome, malgré toutes les intentions musicales apportées par les pianistes, le Scherzo, en revanche, est tout à fait saisissant et prend progressivement une dimension presque symphonique sous les doigts d’Éliane Reyes et Jean-Claude Vanden Eynden, à l’instar du Final qui le suit.

Après cette œuvre fleuve (plus de 40 minutes malgré l’absence d’une reprise) et puissante, la petite sonate de Woldemar Bargiel contraste pas son style plus proche du romantisme de Mendelssohn ou de Schubert. De ce compositeur et professeur allemand aujourd’hui oublié, c’est la musique de chambre (ses Trios) que l’on retient malgré ses incursions dans la musique symphonique et religieuse. Les interprètes rendent ici justice à cette sonate (prévue pour quatre mains, mais le jeu sur deux pianos offre en général plus de possibilités), à son écriture classique mais fine et aux mélodies délicates, dans l’entraînante badinerie de l’Allegro ou la douce tristesse du Lento. « Nul doute que cette couleur pastel ne fit rien pour imposer l’œuvre dans un XXe siècle rugissant et réclamant le Sturm und Drang généralisé qui fera sa marque » note avec justesse le compositeur Nicolas Bacri dans le livret concis.

Autre compositeur méconnu, l’Autrichien Ignaz Brüll est encore parfois joué pour sa musique d’opéra (Das Goldene Kreuz composé en 1875 fut un succès) ou sa Symphonie op. 31. L’Allegro de sa Sonate op. 21 nous ramène vers Brahms, avec ses crescendos et son écriture verticale d’accords plaqués, avant de retrouver un ton plus anodin mais charmant dans les trois mouvements suivants.

Éliane Reyes et Jean-Claude Vanden Eynden nous offrent donc ici un Brahms captivant et relativement peu enregistré ainsi que le plaisir de la découverte d’œuvres rares, quoiqu’inégales.

Éliane Reyes en récital au Goethe Institut de Paris

 17 Mai 2019 

RESMUSICA, 

Patrice Imbaud

Dans le cadre du cycle « Piano mon amour » de la saison Blüthner, l’Institut Goethe de Paris reçoit la pianiste Éliane Reyes pour un récital très inspiré, passionnant par son éclectisme qui convoque nombre de compositeurs figurant déjà dans son imposante discographie.

Pianiste prodige, assez discrète sur les scènes parisiennes, épouse du compositeur Nicolas Bacri, Éliane Reyes, adoubée par les plus grands comme Vladimir Ashkenazy et Martha Argerich, est reconnue pour la délicatesse et l’à propos de ses interprétations, ainsi que pour son insatiable curiosité musicale au disque (Tansman, Godard), appétence d’ailleurs plusieurs fois récompensée par la critique (tels les 24 Intermezzi d’Alexandre Tansman, Clef d’Or ResMusica).

Ce concert en forme de florilège donne l’occasion au public parisien d’apprécier, dans ce cadre intimiste, toutes les facettes de son jeu fait d’une technique irréprochable, d’une virtuosité bien contenue sans effets de manche, auxquelles s’ajoute un sens de la narration envoûtant, haut en couleurs.

Le récital s’ouvre sur un hommage à Jörg Demus récemment disparu auquel Eliane Reyes dédie la Fantaisie KV 397 de Mozart que le pianiste autrichien enregistra en son temps (Saphir 2006). Moment de sombre recueillement et de fausse allégresse avant que la virtuosité pianistique ne reprenne ses droits dans la mise en miroir et les déferlements des très païens Jeux d’eau de Ravel face aux non moins virtuoses, mais plus religieux et méditatifs Jeux d’eau à la Villa d’Este de Franz Liszt, extraits de la Troisième année de Pèlerinage. Frédéric Chopin ensuite, incontournable, avec sa Ballade n°4 qui apporte un moment de romantisme et de poésie intenses en déployant toute la richesse de sa polyphonie sous les doigts de la pianiste. Romantiques également, quoique moins émouvants, le Rêve vécu de Benjamin Godard et le Chant de l’aube n° 1 de Robert Schumann précèdent les Saisons de Nicolas Bacri. Quatre intermezzi qui résultent de différentes commandes où se succèdent l’Automne en hommage à Henri Dutilleux, Hiverinspiré de « Für Elise » de Beethoven, Printemps dédié à Éliane Reyes, puis Eté, plus virtuose et spectaculaire, composé à la mémoire de Debussy et constituant ainsi une liaison idéale avec l’Isle Joyeuse qui révèle, ici, tout l’amour de Claude pour Emma Bardac dans une profusion de couleurs et une dynamique jubilatoire apportant une heureuse conclusion à cet admirable récital.

Les Valses de Chopin par Eliane Reyes, une passionnante redécouverte

19 Janvier 2018

AU BONHEUR DU PIANO,

FRÉDÉRIC BOUCHER

On sait que les Valses de Chopin n’ont rien à voir avec les valses viennoises. Certaines se rapprochent des danses sans en être cependant, d’autres seraient plutôt des danses de l’âme, certaines empruntent des accents à la mazurka, d’autres au nocturne, d’autres encore au Ländler. Chopin utilise ses ressources poétiques et son art mélodique pour évoquer l’atmosphère de la salle de bal ou l’ivresse de la première danse, pour exprimer la joie, la timidité ou la mélancolie… Alfred Cortot avait bien raison de rappeler à l’occasion de l’une d’entre elles les caractéristiques de ces pages célèbres : « subtilité de l’invention musicale, concision aristocratique de la forme et de la notation, furtive nostalgie du sentiment ».  Parce que quelques-unes, ânonnées, défigurées de génération en génération par les élèves les moins doués des cours de piano se sont ainsi vues associées à l’amateurisme le plus pénible, cette partie de l’œuvre de Chopin a été plus ou moins discréditée.

Il existe une quantité impressionnante de versions discographiques de ces valses et, pour être honnête, je n’ai pu m’empêcher de m’exclamer à la réception de ce CD : « Encore !  mais quelle curieuse idée d’enregistrer de nouveau ces pièces tant rabâchées ! ».

A ma grande surprise, j’ai été, dès les premières notes, conquis par cette interprétation. La magie a opéré instantanément grâce à la musicalité d’Eliane Reyes dont Véronique Bergen a vanté à juste titre le « jeu féérique, inspiré, tout en souplesse et fluidité », mais aussi à vingt-cinq ans de complicité que cette pianiste partage avec ces œuvres. Une complicité qui l’amène d’ailleurs à envisager ces dix-neuf valses non comme ce qu’elles sont, c’est-à-dire dix-neuf pièces sans rapport les unes avec les autres et dont les dates de composition s’échelonnent du reste de l’adolescence jusqu’à deux ans avant la mort du compositeur, mais quasiment comme un cycle. De la première valse qui sonne comme une ouverture à la dernière qui semble résonner comme un adieu, bien qu’écrite antérieurement, Eliane Reyes passe d’une valse à l’autre comme d’une scène à l’autre d’une unique histoire en plusieurs tableaux. Et cette approche globale des Valses de Chopin ouvre une perspective nouvelle et passionnante à ces pages qu’on a, moi le premier, souvent regardées un peu trop hâtivement avec condescendance. Proposées sous cet angle, elles trouvent en effet toute leur place dans la littérature romantique pour piano et prennent une valeur qu’on ne leur soupçonnait pas. Ce CD, publié chez Azur Classical, est une complète réussite.

Je ne suis visiblement pas le seul à avoir apprécié cet enregistrement : René Martin a invité Eliane Reyes à La Folle Journée de Nantes où elle donnera deux concerts dont un, le samedi 4 février à 9h30, consacré justement à ces Dix-neuf Valses de Chopin.

Festival International de Piano la Roque d’Anthéron : Éliane Reyes et Jean Rondeau

16 Avril 2018


LA VOIX DU NORD

On ne présente plus Le Festival international de piano La Roque d’Anthéron, « La Roque » pour les familiers, devenue un temple mondial du piano, où on a le plaisir et le privilège de pouvoir entendre une pléiade d’interprètes internationaux, de grands maîtres aux jeunes émergeants. Autour du site historique du parc du château de Florans, avec la fameuse « coque » acoustique et un gradin de 1800 places, les lieux de concerts s’étendent sur différentes villes de la région Provence-Alpes-Côtes d’Azur : Aix-en-Provence, Marseilles, Arles, Rognes, Lambesc, Lourmarin…

 

Hormis quelques exceptions (en principe pour les récitals d’orgue et de clavecin), les concerts se déroulent en plein air, sur des sites magnifiques et originaux, avec vue sur mer ou sur pleine : Théâtre Sylvain et sur le Toit-Terrasse de La Friche la Belle de Mai à Marseille, dans la cour du Musée Granet à Aix-en-Provence, parvis de l’église de Lambesc, Théâtre Antique d’Arles… Au début du concert, à 21 heures ou 21 heures 30, on entend encore quelques cigales égarées qui continuent à chanter.

 

C’est dans un de ces sites, au Théâtre des Terrasse de Gordes qui surplombe une vaste pleine, que la pianiste belge Eliane Reyes a donné un récital de Valses de Chopin, le 24 juillet. Le programme constitué de dix-sept Valses (y compris les deux bis), qui suit presque chronologiquement, commence par la Grande Valse brillante en mi bémol majeur op. 18 et se referme par une autre Grande Valse, en la bémol majeur op. 42. Son jeu, élégant et aérien, privilégie parfois des voix secondaires ou inférieures, soit comme un contre-chant (op. 69-1), soit comme un véritable deuxième motif thématique (op. 64-2). Ces mises en relief sont toujours cohérentes et de bon goût, sans aucune excentricité ni maniérisme dans lesquels certains interprètes tombent facilement en essayant d’accentuer autre chose que la ligne mélodique de la main droite. Sa main gauche qui marque le rythme de valse n’est jamais lourde, mais d’une belle légèreté qui sert de véritable soutien à la mélodie principale, pour que celle-ci chante de plus bel éclat. Un récital avec uniquement ces pièces à trois temps risque d’être monotone, mais Éliane Reyes varie à l’infini les expressions et le parcours ressemble ainsi à une sorte de roman ou à un conte, faisant ainsi preuve d’une musicalité exceptionnelle.

Dans le cadre de sa programmation « Femmes, femmes, femmes », l’orchestre régional invite, ce mardi, deux interprètes féminines pour un concert tout en contraste. Ambiance impressionniste avec l’œuvre Danse sacrée, danse profane, de Debussy, interprétée par la harpiste Emmanuelle Deleplace. Ambiance virtuose avec le concerto pour piano Jeunehomme de Mozart. Nous avons rencontré la pianiste Eliane Reyes, qui jouera l’œuvre pour la première fois à l’orchestre. 

Sylvie Stéphanidès après le concert d’Eliane à la Folle Journée

31 Janvier 2019

Ce soir à La Folle Journée de Nantes, Eliane Reyes a enchanté son public. Dans un programme construit avec finesse, elle a été notre guide dans « le tour du monde » de Tansman et dans sa sonate transatlantique, entre la féerie et le jazz. Imagination délicate, charme absolu, couleurs infinies, nul besoin des titres pour entendre les oiseaux, le théâtre d’ombres ou les tours du silence…


Quand Chopin est entré dans la danse, le public déjà conquis a été happé par cette fraîcheur qu’elle donne à des œuvres connues et enchanteresses. La fantaisie impromptu légère comme la dentelle, profonde mais toujours avec pudeur et surtout avec la sincérité du moment. Chez Eliane, jamais d’effets calculés, chaque intention est naturelle. Son nocturne no2 opus 9 comme un souvenir nostalgique lumineux, et la 1ère ballade, épisode mouvementé, qu’elle domine avec une magnifique technique mais surtout par sa liberté d’expression spontanée et la palette de son toucher.
En bis, une valse….
Le public charmé a remercié avec fougue cette grande artiste. Pour moi un pur moment d’émotion, et de poésie, de la première à la dernière note ! Merci Eliane Reyes ! 

Frédéric Chopin, Intégrale des Valses (19), Eliane Reyes, piano

20 Januar 2016

LA LIBRE BELGIQUE 

Après deux premiers enregistrements mondiaux consacrés à l’œuvre de Benjamin Godard (1849-1895) et un CD intitulé « Jeux d’eaux », voici Eliane Reyes à la tête de l’intégrale des Valses de Chopin. Dix-neuf pièces de salon alternant les fulgurances et les gentils sourires, dont la moitié – regroupée en seconde partie – fut publiée à titre posthume. Tout en adoptant l’ordre numérique des opus, Eliane Reyes réussit non seulement à faire oublier l’enchaînement arbitraire des tonalités, mais à conférer à l’ensemble une subtile dramaturgie, allant de l’éclat à la nostalgie, glissant des valses les plus spectaculaires – dites « brillantes » – vers les plus intimistes, les plus dépouillées. Et ses moyens sont confondants, servant ici une version claire (peu de pédale), imaginative et coloré, à la rythmique irrésistible, quoique mouvante, et d’un naturel admirable. (MDM)

La Libre Culture

Intégrale des 19 valses de Chopin par Eliane Reyes, enregistrées en 2015 pour Azur Classical

08 Juillet 2019

MUSIQUE CLASSIQUE MAG

  • J’ai beaucoup aimé cette intégrale pleine de vie, d’élégance et de tendresse, dédiée à Cziffra et à Brigitte Engerer qui ont beaucoup compté dans la formation d’Eliane Reyes.

  • Le travail sur les rythmes, les couleurs et le phrasé est superbe. Tout comme la manière de chanter, de timbrer la mélodie, avec un accompagnement équilibré et discret de la main gauche et des fins de phrase très soignées. Le rubato est discret et naturel. Les traits sont toujours nets et précis, très contrôlés.

  • Les Grandes Valses brillantes sont jubilatoires mais sans esbroufe déplacée, comme on l’entend parfois. La virtuosité requise ici ou là ne tombe jamais dans la démonstration de moyens, dans l’ostentation. La valse en sol bémol (op. 70 n°1) est malicieuse et tendre à la fois.

  • La Valse de l’Adieu est superbe, d’une merveilleuse nostalgie. Les valses de jeunesse, posthumes, sont jouées comme les autres valses « officielles », avec un jeu raffiné et ciselé, ce qui permet de les apprécier à leur juste valeur, car ce ne sont pas des piécettes sans intérêt !

  • Les valses mélancoliques (ut dièse mineur, les 2 en la mineur, si mineur et fa mineur) m’ont le plus touché par leur extrême délicatesse et leur sensibilité, refusant tout pathos, toute mièvrerie bien sûr, ce que Chopin détestait, on le sait bien.

  • Bref, un disque à posséder de toute évidence, à mettre aux côtés des grandes versions, de Lipatti, Rubinstein, Magaloff, Luisada… ! Chacun dans son style naturellement !

 

   On y reviendra dans un prochain zoom consacré à ces célèbres et merveilleuses valses.

From Alain Duault

07 Octobre 2016

 

Eliane Reyes est une artiste que j’aime et apprécie depuis longtemps pour sa probité musicale : pianiste prodige poussée très tôt dans la lumière, elle n’en a jamais perdu pour autant ce sens profond de la musique, sa mission de communication entre les âmes, de lien secret qui n’est en rien repli mais au contraire audace du cœur pour aller vers les autres.

A travers des répertoires variés, des frémissements de la musique polonaise, de Chopin à Tansman, à ceux de la musique française, de Benjamin Godard à Nicolas Bacri (bien sûr !), elle ose sans cesse creuser de nouveaux sillons, en conservant toujours ce toucher subtil qui est sa marque et cette palette de couleurs qui en fait une descendante sonore d’Emile Claus.

Je suis de cœur avec elle à l’occasion de cette cérémonie qui l’honore à juste titre.

Alain Duault

« Jeux d’eau », La Libre Belgique du 7 octobre 2015

07 Octobre 2015

LA LIBRE BELGIQUE 

Piano

JEUX D’EAU

Ravel, Griffes, Liszt, Chopin, Debussy, Palmgren, etc.

Eliane Reyes, piano

Le dernier CD de la pianiste belge Eliane Reyes enchante par le choix du thème – les jeux d’eau, sous toutes leurs formes et sans majuscules -, par le choix et la construction du programme, par la virtuosité et le naturel confondants de la pianiste. Ni prise de tête, ni démonstration, la musique coule de source (si l’on ose cette métaphore bateau), joyeusement emportée par des moyens qui semblent illimités. Le piano d’Eliane Reyes est héritier de l’école de del Pueyo par l’enseignement de Jean-Claude Vanden Eynden, cela s’entend à la pureté du toucher, au foisonnement des couleurs, à la clarté du discours et au caractère foncièrement organique du jeu. Dans ce type de répertoire, c’est une ivresse. Et pour que l’esprit y trouve (tout) son compte, le CD est assorti des commentaires éclairés d’Harry Halbreich. MDM

Azur Classical, 1 CD – www.azurclassical.com

Invitation au rêve

16 Janvier 2014

LE VIF

INVITATION AU REVE
Eliane Reyes
Culture/Musiques
Entretien: Barbara Witkowska

La talentueuse pianiste belge revient à Alexandre Tansman avec la subtilité qui lui est coutumières.
Pour un récital de toute beauté.

Compositeur français d’origine polonaise, Alexandre Tansman (1897-1986)fut le brillant représentant des courants néo-classiques du xxè siècle.Après des décennies d’oublie, sa musique connaît un réveil glorieux, dopé par le toucher rare d’Eliane Reyes. Enfant prodige à 3 ans, premier concert à 5 ans, à Durbuy, l’Ecole des fans de Jacques Martin à 10 ans, premier prix au Conservatoire à 13 ans, puis perfectionnement avec Jean-Claude Vanden Eynden, le seul lauréat belge du concours Reine Elisabeth, catégorie piano, cette artiste née à Verviers en 1977 est aujourd’hui l’une des plus illustres pianistes belges. Soliste et chambriste à la fois, elle donne ici la pleine mesure de la richesse de sa palette sonore.

Le Vif/L’Express: Deux ans après la sortie du premier cd dédié à Alexandre Tansman on vous sent très heureuse de revenir à ce répertoire. Pourquoi?
Eliane Reyes: L’âme slave dans toute sa splendeur et les nombreux sentiments qui colorent sa musique me parlent énormément. Ce CD est le dernier enregistrement inédit des oeuvres pour piano de Tansman et comporte des oeuvres aussi importantes que les Trois Ballades. Et puis, vous connaissez les liens entre Tansman et notre pays puisqu’il a été élu à l’Académie Royale de Belgique en 1977,l’année de ma naissance. L’Académie m’a d’ailleurs permis de lui rendre un bel hommage en 2012.

Selon quels critères choisissez-vous les oeuvres de votre répertoire?
E.R: J’essaie d’alterner entre des oeuvres faisant partie du grand répertoire et satisfaire ma curiosité en valorisant des compositeurs oubliés.
La musique est soumise à des effets de mode. Je considère que mon rôle d’interprète n’est pas de la suivre mais de contribuer à la créer avec mes convictions. Et le coup de coeur est ce qui me guide en premier.

Depuis un an, vous êtes professeur au Conservatoire de Bruxelles. Quelles satisfactions y trouvez-vous?
E.R: Ayant eu la chance de côtoyer de nombreux grands artistes généreux depuis mes débuts, j’avais naturellement envie de faire profiter à d’autres pianistes ce qu’ils m’ont transmis. La transmission est naturelle, tout comme le fait d’avoir des enfants. Mes élèves sont comme un miroir pour moi. J’y vois mes qualités comme mes défauts et je leur sais gré de me donner l’occasion de me perfectionner. En prodiguant des conseils on s’aperçoit de la relativité des choses.

A quoi reconnaît-on un grand pianiste?
E.R: Certainement pas au marketing ni au nombre de concerts…Il y a beaucoup d’injustice dans ce métier car je connais des tas de jeunes pianistes qui pourraient être la relève de Richter mais qui n’ont pas les contacts ou la machine médiatique derrière-eux…Il faut aussi différencier un grand pianiste d’un grand artiste. Pour être un bon « mammifère concertivore digitigrade », il y a des éléments concrets tels qu’une technique suffisante et, bien sûr, un sens du style mêlé à son propre ressenti…Prenez Martha Argerich qui, toujours sincère, nous offre un message musical d’une puissance de joie incommensurable. Dans la jeune génération, un Nicholas Angelich ou un Frank Braley sont de vrais artistes.

Votre prochain projet discographique porte sur Benjamin Godard.


Pourquoi vous êtes-vous intéressée à ce compositeur tombé dans l’oubli?
E.R: Depuis toujours mon attrait pour la musique française me pousse à explorer cette veine et, en tant que grande romantique, le XIXè siècle a tout pour me séduire. L’essentiel de la musique de Godard tourne justement autour de la séduction et d’un pittoresque un peu fané.Et savez-vous que Godard était élève de Vieuxtemps?La Belgique n’est jamais très loin de mes choix…

Eliane Reyes fait partie de l’élite de ces jeunes pianistes contemporains

Novembre 2011

CRESCENDO

Le compositeur d’origine polonaise, Alexandre Tansman, a probablement terminé sa traversée du désert. Chandos a déjà publié (en SACD) quatre volumes de ses neuf symphonies, Naxos vient de nous faire connaître son concerto pour clarinetteainsi que son concertino pour hautbois et clarinette et réitère ici avec un superbe CD consacré à quelques uns de ses cycles pour piano : la Petite suite de 1917–1919 (Vision, Berceuse, Méditation, Petite Chanson polonaise, Plainte orientale, Caprice & Scherzino) et les 24 Intermezzi écrits aux prémices de la seconde guerre en 1939–1940 complétés par la Valse-impromptu de la même période (1940). Installé en France depuis 1919, émigré aux Etats-Unis pendant la guerre, il n’est pas étonnant que ses compositions évoquent par leur néo-clacissisme Ravel, Stravinsky, parfois avec des relents de Scriabine, de Szymanowski, de Bartok ou même de Schoenberg. Les 24 Intermezzi ont été composés pendant la difficile période de la drôle de guerre où Tansman, fraîchement naturalisé était enrôlé dans l’armée française pour être libéré à la naissance de sa seconde fille au début 1940 ; ce sont des pièces de caractère bien diversifié et contrasté (écho aux 24 Préludes de Chopin ?). La Valse-Impromptu très ravélienne a également été écrite au début 1940. Les morceaux qui composent la Petite Suite datent probablement des années qui précèdent l’arrivée du compositeur à Paris. Eliane Reyes fait partie de l’élite de ces jeunes pianistes contemporains qui réussissent à brider leur technique éblouissante et la mettre au service de l’expression et de la musicalité. Et cela convient à merveille à ces joyaux qui nous sont révélés ici en première mondiale. Comme toute “World Premiere Recording”—les 24 Intermezzi et les 7 pièces de la Petite Suite sont enregistrés ici pour la première fois, seule laValse-Impromptu était connue—nous avons ici un CD à découvrir qui, en prime, nous apporte la joie, la délicatesse et la fraîcheur d’une merveilleuse pianiste compatriote.

Jean-Marie André

Article apparu sur « La Quinzaine Littéraire »

15 Januar 2019

LA QUINZAINE LITTÉRAIRE 

Photo

PIANISTE no 86 Tansman, Passionnément

Mars - Avril 2014

PIANISTE BY STÉPHANE FRIEDERICH

Chroniques Disques

ÉLIANE REYES

TANSMAN, PASSIONNÉMENT LA PIANISTE BELGE CONSACRE UN NOUVEAU DISQUE CHEZ NAXOS À L’OEUVRE D’ALEXANDRE TANSMAN. UN JALON IMPORTANT DANS LA REDÉCOUVERTE D’UN COMPOSITEUR MÉCONNU.

 

Comment ressentez-vous l’univers musical de Tansman?

J’ai eu un premier coup de foudre pour sa musique en enregistrant, en 2006, sa musique de chambre pour clarinette. Le choc s’est amplifié en gravant les 24 Intermezzi et la Petite Suite. Puis, l’une des deux filles du compositeur, Mireille Tansman, m’a parlé des Ballades, et je me suis lancé à nouveau dans l’aventure. La musique de Tansman est pudique dans l’expression de la nostalgie et de la souffrance. Bien qu’il possédât un sens aigu de l’humour, Tansman dissimulait sa fragilité dans la musique. Elle demeure finalement assez proche de la sensibilité de son compatriote, Chopin. Parlez-nous de l’esthétique de sa musique…

Je peux vous parler «des» esthétiques du compositeur. Son oeuvre est un kaléidoscope sonore. Des harmonies, des accords n’appartiennent qu’à lui. Ils sont sa «signature». Mais si le style est reconnaissable, il appartient aussi

à son époque. Les Huit Cantilènes en hommage à J.S. Bach sont assurément

d’une veine romantisée et la Suite dans le style ancien, d’une écriture toute néoclassique. Les influences de Stravinski, Prokofiev, Szymanowski (dans les Ballades, par exemple) et de Ravel, un certain esprit français d’avant-guerre sont perceptibles. La technique héritée de Chopin demeure éminemment pianistique, fluide. Tansman était un grand interprète dont on devine le jeu, la délicatesse du toucher. Étant naturellement attirée par la musique française, je comprends ce goût pour la nuance, les demi-teintes.

Comment seraient les niveaux de difficultés de ces pièces?

Les Huit Cantilènes sont abordables pour un bon amateur, de niveau moyen. Le travail de cette musique très polyphonique doit se concentrer sur le phrasé, la qualité du legato, l’emploi des pédales. Pour les niveaux inférieurs, la Petite Suite est parfaite pour les débutants-moyens. Les plus avancés techniquement s’intéresseront à une sélection d’Intermezzi. Tansman aborde une virtuosité comparable à celle de l’Opus 11 de Scriabine et des Préludes de Chopin. Les Ballades se situent également à un niveau supérieur.

 

Comment voyez-vous l’avenir de la musique de Tansman?

Le musicien français d’origine polonaise et son oeuvre ont subi les aléas de

l’Histoire (la Seconde Guerre mondiale, puis l’exil). Par la suite, sa musique a été peu enregistrée, ce qui explique qu’elle soit encore largement méconnue bien que beaucoup de jeunes pianistes aient joué ses pièces à vocation pédagogique, merveilleusement bien écrites. J’ai fait entendre sa musique à des interprètes tels que Martha Argerich et Vladimir Ashkenazy qui ne la connaissaient pas et en furent surpris. L’oeuvre de Tansman prendra sa juste place dans quelques années. Et je suis sûre qu’elle sera éminente!

 

Envisageriez-vous une intégrale au disque ?

Vous voulez dire enregistrer 19 CD de musique pour piano seul, plus 6 CD avec les pièces à quatre mains et deux pianos ? Je n’en sais rien pour l’instant. L’avenir nous le dira.

Recherchez-vous certains types de pianos ?

J’apprécie les pianos «typés» comme les Blüthner, aux sonorités rondes, aux basses chaleureuses. Ils offrent un toucher moelleux, mais aussi puissant sans être jamais clinquant. Les pianos anciens sont souvent très beaux mais ils manquent de son. Il faut pourtant les connaître et c’est la raison pour laquelle j’ai fait des stages avec Paul Badura-Skoda. Parlez-nous de vos projets… Le Palazzetto Bru Zane apporte son soutien à mon prochain disque consacré à des pièces variées dont les sonates de Benjamin Godard. Ce double CD sortira fin 2015 aux éditions Grand Piano. Finalement, j’aime par-dessus tout ce grand romantisme : celui de Chopin et par conséquent de Tansman, du côté polonais, et de Godard, du côté français ! Propos recueillis par Stéphane Friédérich

En concert

10 mars, Conservatoire de Nice : récital

dans la série des concerts Blüthner.

www.eliane-reyes.com

 

 

ALEXANDRE TANSMAN

(1897-1986)

Suite dans le style ancien.

Ballades nos 1 à 3. Arabesques.

Cinq Impressions. Huit Cantilenas

Éliane Reyes (piano)

Naxos 8.573021. 2013. 1 h 14’

 

Le piano de Tansman est à la fois intrigant et généreux. Intrigant car les influences qui se croisent (néoclassiques, romantiques, impressionnistes…) se diluent dans l’énergie personnelle d’une écriture qui ne s’embarrasse pas des contraintes de choix esthétiques. Tansman écrit comme cela lui vient – du moins, c’est la sensation qu’éprouve l’auditeur – déroutant par l’originalité de tel accent ou telle harmonie qui «décalent» l’atmosphère de la phrase. Généreux, ensuite, parce que ces oeuvres ne retiennent pas leur émotion. Quand il s’agit de laisser «filer» le chant du cantabile italien (Suite dans le style ancien), ou bien l’austère polyphonie héritée de Buxtehude (Cantilènes en hommage à Bach), ce piano porte l’émotion jusqu’à l’ultime souffle de vie des résolutions harmoniques. Pour son second volume consacré au piano seul du compositeur, Éliane Reyes joue parfaitement de l’ambivalence, du caractère insaisissable des traits et arpèges. Le toucher est aussi volatile qu’il peut être puissant et massif dans les ballades. Le jeu se fond dans les partitions. Dans les Ballades, il sert la logique d’une architecture complexe. À cette modernité de forme répond une autre modernité, celle d’un travail sur les harmonies dans les Arabesques et les Cinq Impressions. Ces pièces de 1930 et 1934 ouvrent magnifiquement des perspectives sonoristes entendues chez Mompou et, bien plus tard dans le piano de Bill Evans. Avec Tansman, on découvre un univers captivant, servi ici par une interprète qui sait le défendre S. F.

Brillantes Tansman-Recital (Pizzicato)

24 Février 2014

BRILLANTES TANSMAN-RECITAL 

Rezension von Remy Franck

Alexandre Tansman (1897-1986), Neoklassiker mit manchmal scriabineskem Einschlag, ist ein immer noch zu wenig bekannter Komponist. Und doch war er zu Lebzeiten sehr geschätzt und ein Mann von Welt, der mit Herrschern und Politikern (Mahatma Gandhi, Kaiser Hirohito) ebenso Kontakt hatte wie mit Persönlichkeiten wie Charles Chaplin oder George Gershwin. Tansman kam als Sohn einer jüdischen Familie in Polen zur Welt. Er studierte am Konservatorium in Lodz und an der Universität Warschau. 1919 zog er nach Paris, wo er bald zum Freundeskreis von Maurice Ravel gehörte. Seine Auswanderung in die Vereinigten Staaten wurde 1941 durch den Einsatz von Chaplin, Toscanini und Koussevitzky ermöglicht. In Los Angeles schloss er Kontakt mit Igor Stravinsky. Nach Kriegsende kehrte Tansman nach Frankreich zurück.

Dieses Leben spiegelt sich in einer Musik, die durch sämtliche Musikrichtungen seiner Zeit beeinflusst wurde und doch nie epigonenhaft klingt. Sie ist anspruchsvoll und verlangt vom Interpreten Fantasie und Spontaneität. Beides bringt Eliane Reyes auf ihrer nunmehr schon zweiten Tansman-Platte mit.

In den sehr unterschiedlichen Kompositionen bringt sie die Kontraste wunderbar zum Ausdruck, pflegt die Nähe zu einigen Komponisten wie Stravinsky oder – ganz besonders schön gelungen – Scriabin, und gibt dem Programm mit Werken, die zwischen 1929 und 1949 entstanden, dennoch eine beeindruckende Kohärenz. Das ist nicht einfach eine Tansman-Anthologie, es ist ein sehr schönes und den Hörer bereicherndes Tansman-Konzert.

Alexandre Tansman’s piano works have found a passionate and very talented advocate: Belgian pianist Eliane Reyes’ performances are spontaneous, colorful, full of surprising contrasts, and nonetheless she achieves to get this program a characteristic unity. At the end there’s no way thinking only of an anthology; what you hear on this magnificent CD is a brilliant recital!

Il faut absolument découvrir Eliane Reyes, souveraine de bout en bout

Septembre 2011

CLASSIQUEINFO, FRED AUDIN 

Les Intermezzi de Tansman sont des produits de la guerre, les quatre livres (1939 pour les deux premiers, 1940 pour les autres) se divisant entre ceux écrits durant sa mobilisation et son séjour à Nice, dans l’espoir de gagner les Etats-Unis. De là sans doute, au-delà de la vague introductive impressionniste du morceau initial, l’atmosphère sombre et inquiète, mais plus encore interrogative et mystérieuse de certaines pièces (les 2ème , 5ème et le capricieux 8ème aux irrégularités rythmiques si imprévisibles), alternant avec les touches vives et fuyantes (le 10ème, le 14ème ) ou la recherche d’une consolation d’ordre méditatif et quasi religieux (les 11ème et 15ème), le contrepoint aride (du 6ème) cultivant la référence à Bach (à travers le cycle de 24 pièces comme celles du Clavier bien tempéré, par le relais des Préludesde Chopin), la marche forcenée du 12ème (dont la marque Allegro barbaro évoque autant Bartok que les violences de la guerre), opposé à la fluidité énigmatique du 13ème ou du 16ème où plane l’ombre de Szymanowski, comme la liquidité ambiguë du 19ème s’achevant en berceuse. La plupart de ces pièces courtes réclament une science de la technique du piano, un toucher d’une extrême virtuosité, mais aussi une vigueur et une force peu communes, dans la protestation vigoureuse du 18ème ou la fanfare de libération du 20ème qui n’est pas loin de la rage de certaines pièces de Ned Rorem. Une telle variété d’intonation, une telle exactitude rythmique, la mise en relief des éléments structurels n’est pas donnée à n’importe quel pianiste, surtout s’agissant d’un enregistrement qui n’a connu aucun précédent, et c’est avec un art consommé de la suspension dramatique qu’Eliane Reyes parvient à tirer le meilleur de la grande passacaille que constitue l’Adagio lamentoso du 21ème , forcément remarquable par son développement, seule pièce à dépasser les quatre minutes, et avec quel impact ! Tel un glas dissonant dont la puissance ne prépare pas aux syncopes du mouvement perpétuel qui suit, avec une distance ironique, ni à l’Hommage à Brahms (inévitable par le titre, comme par la passion qu’entretenait Tansman pour ce compositeur) occupant l’avant-dernière position et qui permet d’envisager une conclusion en majeur portant l’espoir d’un retour à un calme contemplatif cantabile.

On ne peut s’empêcher de demeurer admiratif devant la somme de travail que représente pareil défrichage, la mécanique intellectuelle nécessaire à l’appréhension de certaines pièces comme le 14ème Intermezzo, et l’effort que représente le fait de ne rien en laisser paraître dans un résultat d’un brio pianistique sans démonstration excessive.

La Petite suite nous ramène à la période polonaise de Tansman, à travers des miniatures étrangement apaisées pour une autre période si sombre (1917-1919), empreintes d’une grâce mélancolique qui rappelle le souvenir de Chopin, vu par le prisme de Scriabine, comme en témoignent les harmonies non résolues qui marquent les mesures finales de chaque pièce. Elles signalent aussi à quel point Tansman était déjà prêt à trouver sa place dans l’école française, comme le court Caprice aux harmonies si proches des fausses danses de terroir d’un Koechlin, l’orientalisme de la Plainte ou l’espagnolade du Scherzino. Elle anticipe aussi la Suite dans un style ancien de 1929, encore inédite au disque (que ce soit dans sa version pour piano ou pour petit orchestre).

La Valse-impromptu de 1940 retrouve l’alanguissement de La plus que lente de Debussy, mariée à l’emportement de La Valse de Ravel, dans une déclaration qui reste intime et discrète malgré la commande des Archives Internationales de la Danse qui présida à sa composition.

Même si la musique de piano de Tansman ne vous semble pas une priorité (et ce serait un tort de passer à côté si vous avez une quelconque inclination pour la musique du groupe des Six ou des successeurs de Ravel) il faut absolument découvrir Eliane Reyes, souveraine de bout en bout, maîtrisant aussi bien le staccato avec un toucher de claveciniste que le legato romantique, et faisant la démonstration d’une compréhension immédiate de l’alliance de toutes ces techniques dans l’interprétation d’un répertoire rarissime à la diversité insoupçonnée. Peu de pianistes possèdent un sens si exact des rythmiques et parviennent à faire la preuve d’une telle empathie avec l’univers d’un compositeur embrassant des territoires aussi vastes. Vous ne regretterez pas d’avoir essayé.

Magie du toucher délicat et chantant d’Eliane Reyes

Septembre 2011

CLASSIC INFO

Fred Audin 
ClassiqueInfo-disque.com

Le Diletto Classico, qui porte le numéro d’opus 100, révélateur de la productivité d’un compositeur qui atteint tout juste le demi-siècle, est un ensemble de pastiches (en quelque sorte proustiens comme dans Les Plaisirs et les jours, « recherche d’approfondissement de son propre style à travers l’hommage à une forme d’expression révolue » écrit Bacri), épousant la forme d’une Suite baroque, naturellement évocatrice de Bach, particulièrement à travers la Giguefuguée qui la conclut, mais dont l’Aria ferait un détour par Jaques Ibert, d’une Sonatine classique dans la veine d’Harold Shapero, elle aussi conclue par une fugue diatonique un peu à la manière de Maurice Emmanuel, mais faisant par sa Gavotteun clin d’œil appuyé à Prokofiev et Tischenko, le tout couronné par un Arioso baroque introduit par un balancement à la Satie et sa fugue monodique, véritable tour de force reposant sur un ostinato qui n’apparaît qu’en conclusion. En dépit des références formelles, ces miniatures sont bien des produits du siècle neuf, osant des dissonances qui s’intègrent comme par magie à une harmonie classique, magie du toucher délicat et chantant d’Eliane Reyes, attentive à toutes les subtiles variations rythmiques et n’usant qu’avec parcimonie du jeu de pédale du piano moderne comme si elle aussi pastichait des techniques issues du clavecin, voire par endroits du violoncelle seul.

Cette simplicité et ce naturel se poursuivent dans les Esquisses lyriques, pièces admirables ne serait-ce que par cette qualité fort rare chez les compositeurs contemporains que même un pianiste amateur pourrait grâce à leur syntaxe sans surcharge ni virtuosité d’occasion, être tenté d’essayer chez soi et réussir peut-être à en tirer une impression gratifiante, comme de ces cahiers « pour enfants » si répandus dans l’école russe.

C’est encore le cas de L’Enfance de l’Art, ensemble de Nocturnes et d’Improvisationsappartenant aux débuts de la carrière de Nicolas Bacri où l’on croirait entendre une sorte de Berg dépouillé, dont la stricte atonalité ne nuit ni au lyrisme, ni au mystère comme dans les prophétiques Clairs de Lune de Decaux. Plus difficile d’accès peut-être, ces constructions diaphanes sur les ruines d’un impressionnisme démembré, disséqué par un scalpel analytique, sont autant de Jeux d’eaux et de Nuages gris qui ne s’élèvent que rarement au-dessus du mezzo-forte, ne s’autorisant qu’au final un cri vite étouffé dans un accord mineur. On distinguera dans cet ensemble une merveilleuse petite Valse qui semble un exemple unique de mariage réussi entre rythme classique et harmonie hors-tonalité.

Les Petites variations sur un thème dodécaphonique appartiennent au même opus 69 : au départ d’une économie webernienne, elles s’orientent non sans humour vers des éclats de fanfare ou d’orphéon, avant de se dissoudre dans un immobilisme résigné, réservant toujours une surprise, un détour inattendu, producteur d’images, quand bien même on entre dans le domaine de la musique pure et d’un jeu intellectuel qui n’ignore jamais la dimension sensible, parvenant à toucher juste, au moment où commence à naître l’impression qu’on pourrait s’éloigner du domaine de la sensation.

Sans renoncer tout à fait aux formes brèves, on trouve au début de ce disque deux morceaux d’une toute autre ambition, et qu’on a avec raison placé en tête, tant on demeure ébahi de l’autorité qui s’y manifeste dans le maniement des formes classiques : le Prélude et fugue ne souffre en aucun cas de son origine en tant que morceau de concours. Cette grande arche de cinq minutes seulement expose avec solennité un thème en mineur qui progresse douloureusement vers la lumière d’un ut majeur radieux, empruntant les chemins d’un postromantisme méditatif où l’on croit entendre l’orgue à travers la répétition d’une cellule rythmique s’élevant d’un récitatif dépouillé à une apothéose en forme de toccata festive dans un élargissement final du tempo qui contredit la strette attendue. C’est pourtant bien le piano qu’on entend, dans toutes les subtilités de sa dynamique et l’étendue de son registre, allant chercher l’effet dramatique comme la jubilation de maîtriser l’organisation du chaos dans un accord parfait similaire à la surprise du prélude de La Création de Haydn.

La Sonate pour piano n°2 avoue par sa forme cyclique le rapport qu’elle entretient avec la Sonate de Liszt. Cette forme en trois sections transforme le matériel désolé (à la Chostakovitch) de son Adagio doloroso initial, repris dans le trio d’un scherzo haletant dont les octaves brisés font songer au finale des Etudes en mètres variablesde Boris Blacher, pour s’épanouir en un finale qui recourt de nouveau à la fugue, entretenant un rapport ambigu avec la sonate d’église comme avec le néo-sérialisme de la Sonate de Barber. Et voilà qu’au milieu de ce finale surgit soudain une base de rythme jazz rappelant Hungarian Rock de Ligeti, dont s’extirpe dans un trille continu le motif de quarte descendante du Prélude à la nuit de Ravel, aboutissant à une récapitulation en mouvements contraires couvrant tous les octaves du piano ponctuée d’une simple tierce descendante mineure : un moment époustouflant, au premier sens du terme, à couper le souffle, et qui devrait faire date dans la littérature de piano.

Cette Sonate, dédiée à Julien Quentin, créateur de la première version et portant désormais l’inscription in memoriam Kenneth Leighton, trouve pour sa version révisée de 2010 en Eliane Reyes l’interprète idéale, d’une justesse d’intention et d’une ardeur exemplaires dans cette marche forcée en avant, tellement renversante qu’il est difficile de passer à la suite sans un long silence. On constatera que la poésie déchirante de l’Adagio initial était déjà en germe dans les pièces de jeunesse plus conformes à l’esthétique post-sérielle, raison pour laquelle elles demeurent toujours vivantes à plus de trente années d’écart ; ce disque (pourvu d’une notice brève mais éclairante), porte d’entrée idéale dans l’esthétique d’un compositeur contemporain qui a trouvé la voie d’une évolution propre et originale, est aussi celle susceptible de donner accès au cœur du public.

Rencontre au Sommet à Collioure avec Eliane Reyes

12 Avril 2015

BLOG D'ALAIN MARINARO

J’ai d’abord à vous faire partager un souvenir du siècle dernier.
De 1985 à 1990…. Il y avait à la RTBF en Belgique une émission qui s’appelait « Jeunes Solistes » et que je n’aurais ratée pour rien au monde.
Elle et présentée par le flûtiste Georges Dumortier, professeur au Conservatoire royal de Bruxelles. Un jour de 1988, on y vit paraître une charmante fillette… Decagenaire! ( Si, si, le mot existe puisque je l’invente; à vous de l’imposer!)
On voyait une gamine et on entendait une virtuose prématurément accomplie.
Depuis ce jour-là, je connais et j’admire Eliane Reyes. On a aussi compris que la petite avait de qui tenir, quand elle eut quelques mots affectueux pour son parrain, que vous ne pouvez méconnaître, puisqu’il s’agit de Jean-Claude Vanden Eynden.
(…)
> Nos amis Marinaro ont bien fait les choses: devant le public qui s’installe trône le grand Steinway et j’y vois un hommage mérité: une reine du clavier va pouvoir s’unir au roi des pianos, celui qui aurait rendu Beethoven encore plus beethovenien si un miraculeux anachronisme lui avait permis d’y mettre les mains.
Il nous fut servi un récital d’une intelligente diversité.
Il y eut d’abord la sonate en la mineur D784 de Schubert, interprétée  » con sentimento giusto »: Eliane ressent avec justesse l’état d’esprit du compositeur et, en l’écoutant, ( la triple équivoque du pronom, c’est exprès), nous nous en sentons pénétrés.
La Fantaisie-Impromptu de Chopin vint comme on l’attendait: ce fut tour à tour sensible, volubile, brillant.
Pour la Sonate no 2 op. 105 de Nicolas Bacri, on peut parler de profonde intimité avec le compositeur; ce n’est pas mon…..intuition qui le découvre, c’est l’état-civil qui l’atteste: Eliane Reyes est madame Nicolas Bacri. À nous l’expérience peu fréquenté d’applaudir en même temps l’interprète et le compositeur! Pourtant, celui-ci n’est pas tendre avec son épouse-interprète, car la pièce est brillante et difficile. Rien de facile non plus, dans l’œuvre pianistique de Ravel: dans ses  » Jeux d’eau », ce n’est pas rien d’en faire jaillir tant avec seulement dix doigts. La dernière œuvre prévue est une valse de Chopin ; ce n’est pas la plus familière, et c’est tant mieux. Il clôturera le concert, puisque les bis aussi sont de lui.
Soudain, pour notre plaisir vient frétiller celle qu’on surnomme tantôt » la valse-minute » et tantôt la  » valse du petit chien ». C’est de la virtuosité brillante et ça nous enchantera toujours,
On ne pose pas une question dont la réponse est évidente: c’est pourquoi je ne vous demanderai pas si vous voulez réécouter Eliane Reyes. Rendez-vous donc ce vendredi 17 avril. Si douée soit-elle, Eliane n’a tout de même que deux mains: les deux autres seront celles de notre grand, notre célèbre Josep Colom.
Alors? Rencontre au sommet à Collioure !
Jean-Marie Philippart

Banyuls

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Eliane Reyes, une sensibilité extraordinaire au bout des doigts

Juillet 2011

LE VIF L'EXPRESS BY BARBARA WITKOWSKA

LV27-Musique

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RESMUSICA « Aller plus loin »

27 Février 2012

RESMUSICA BY PIERRE-JEAN TRIBOT

ResMusica : Vous avez enregistré un album Tansman, chez Naxos, qui a obtenu un accueil international très chaleureux. Comment nait un tel projet ?


Éliane Reyes : Avec le clarinettiste Jean-Marc Fessard et le Quatuor Elysée, nous avions déjà enregistré un CD Tansman en musique de chambre en 2006 pour Naxos. À l’issue du concert de lancement du disque à Paris, Gérald Hugon (responsable artistique des éditions Max Eschig) et Mireille Tansman, l’une des deux filles du compositeur, m’ont proposé les 4 recueils des Intermezzi. En les lisant, j’ai véritablement eu les larmes aux yeux et je ressentais cette musique au plus profond. Les apprendre a été très naturel et mon compagnon Nicolas Bacri a joué un rôle capital car il a été directeur artistique du disque. Notre amie la pianiste Diane Andersen, nous a confié après coup, que le phrasé était l’élément auquel Tansman accordait le plus d’importance, avec le toucher. Et nous fûmes ravis d’avoir travaillé en profondeur dans ce sens. Les 24 Intermezzi sont la pièce maîtresse pour piano de Tansman. À mon avis, c’est un monument qui se situe, au milieu du XXe siècle, à la place qu’occupent, au milieu et à la fin du XIXe siècle, les 24 Préludes de Chopin et les 24 Préludes opus 11 de Scriabine. C’est dire l’importance que j’accorde à ce cycle.

RM : Quelles sont les particularités stylistiques de Tansman ? Comment se place-t-il dans le courant des compositeurs du XXe siècle ?
ER : On trouve chez Tansman un idiome pianistique personnel qui rend sa musique particulièrement attachante. En outre il est amusant de constater que son éclectisme préfigure de façon étonnante les courants post-minimalistes et polystylistiques de beaucoup de compositeurs actuels.
Bien sûr il y a un lien esthétique très fort avec des compositeurs majeurs de son époque, Ravel, qui l’a beaucoup aidé, Stravinsky, dont il était l’ami, mais aussi Schoenberg, Berg, Webern, Prokofiev, Bartók, Hindemith, qu’il a tous bien connus… On trouve même un hommage à Brahms dans les Intermezzi, un hommage à Chopin dans les Arabesques. Mais c’est probablement Bach qui est son socle véritable, car le soin qu’il apporte aux textures contrapuntiques est presque obsessionnel. Je ne voudrais pas donner, malgré moi, avec l’accumulation de toutes ces références, l’impression que Tansman n’est pas un compositeur personnel. On trouve dans sa musique des enchaînements harmoniques qui n’appartiennent qu’à lui. Mais ce qui me frappe le plus, esthétiquement parlant, c’est la perfection de son écriture.

RM : Le parcours biographique douloureux de Tansman, fait d’exils successifs, et où l’oubli succède aux succès initiaux, contribue-t-il à votre intérêt pour ce compositeur ?
ER : Je ne peux être en phase avec les compositeurs que lorsque j’arrive à identifier dans leur musique des blessures qui me sont communes, au-delà de tout problème esthétique et même d’époque.
La musique que je sens le mieux est celle qui me parle de mes blessures les plus intimes. C’est donc sa musique qui me touche le plus et non pas ses péripéties biographiques. Ce que j’ai dit plus haut ne concerne que l’aspect stylistique de sa musique. Mais la perfection de l’écriture n’est rien si elle n’est pas au service d’une émotion. Cette émotion, je la retrouve chez Tansman. Est-elle le produit d’une vie mouvementée ? Douloureusement ébranlée par les exils auxquels vous faites allusions ? C’est possible. Mais l’important, pour moi, c’est la qualité de sa musique.

RM : Vous intéressez-vous aux autres compositeurs d’Europe de l’Est de cette génération qui ont travaillé en France ou en français, Simon Laks, Karol Rathaus par exemple ?
ER : Tansman a beaucoup aidé Simon Laks. Autant qu’il le put dans le contexte de l’après-guerre qui vit le succès progressif, et sans partage, de l’avant-garde atonale. On redécouvre aujourd’hui Simon Laks et bien d’autres compositeurs de valeur, grâce au courant mémoriel à propos de la Shoah. C’est une bonne chose. Quant à Rathaus, son destin se jouera aux Etats-Unis où il mourut sans avoir franchi la barrière qui sépare la reconnaissance de ses pairs d’un succès plus large qu’il aurait mérité. Il semble que le disque, aujourd’hui, comme pour la musique de Simon Laks, nous permet de redécouvrir l’importance véritable qui est la sienne.

RM : Pensez-vous que toute cette génération qui a été balayée par la tabula rasa de l’après-guerre peut encore connaître une reconnaissance tardive et surtout plus profonde ?
ER : Oui car il y a, dans la mouvance modalisante de l’après-guerre, des compositeurs de grande valeur dont certains furent justement, des amis de Tansman. Ils ont constitué avec lui l’école de Paris (Martin ů, Marcel Mihalovici, Alexandre Tcherepnine, Tibor Harsányi, Conrad Beck, Alexandre von Spitzmüller), ils sont une véritable mine pour les interprètes d’aujourd’hui qui aiment Prokofiev, Stravinsky, Bartók, Enesco, Berg, Hindemith et qui cherchent à élargir leur répertoire dans cette direction.

RM : Comment avez- vous convaincu Naxos de se lancer dans le projet ?
ER : C’était tout naturel après le succès du premier disque de la musique de chambre de Tansman.
Gérald Hugon a convaincu Naxos de l’importance de cette pièce maîtresse que constituent les 24 Intermezzi. La passion de Klaus Heymann, le directeur de ce label, pour remettre en lumière des œuvres méconnues du grand public a fait le reste.

RM : Un troisième projet Tansman se profile ?
ER : J’enregistre durant l’été prochain et la sortie est prévue au plus tard en 2014, toujours chez Naxos des oeuvres en première mondiale dont les Trois Ballades, après les Intermezzi, les pièces les plus importantes (et redoutables !) de son oeuvre pianistique. Mais avant cela, je sors un disque solo sur le thème de l’eau (Liszt, Debussy, Ravel, Chopin…) pour la firme belge Azur Classical, dont le producteur Luc Baiwir (qui possède un beau piano dans son studio près de Liège, où j’ai déjà enregistré les CDs Tansman et Bacri pour Naxos), m’a laissé carte-blanche. J’avais envie d’être entendue également dans un répertoire plus connu. La situation n’est pas facile pour un jeune pianiste ! Lorsqu’il se mesure aux chefs-d’œuvre du passé, on le compare à des références légendaires, mais s’il se cantonne aux découvertes, on l’accusera (peut-être avec raison) de ne pas avoir suffisamment de personnalité pour affronter les monuments du grand répertoire… Je souhaite trouver un équilibre, mon équilibre, entre les deux, en passant alternativement de découvertes, comme Tansman, au défi consistant à apporter un éclairage personnel aux pièces les plus connues et dont la fréquentation m’enrichit musicalement tout autant. Je crois en outre que si les chefs-d’œuvre sont ce qu’ils sont c’est parce que la variété des approches qu’ils peuvent susciter chez les interprètes est véritablement infinie.

RM : Vous avez également enregistré la musique de Nicolas Bacri ? Comment pouvez-vous définir sa musique ?
ER : Le troisième axe important est la musique d’aujourd’hui. Mais il y a tant de compositeurs en activité et peu me touchent suffisamment pour me donner envie de m’investir dans leur musique.
La musique de Nicolas Bacri est de celles, trop rares aujourd’hui, qui m’émeuvent beaucoup. Il y a une profondeur et une force, alliée à une expressivité bouleversante qui fait que lorsqu’on entend une de ses œuvres, on en ressort transformé. Chacune de ses œuvres majeures (Sonates, Concertos, Quatuors, Trios, Symphonies…) nous offre un voyage initiatique à travers des sentiments douloureux et un sens de la tragédie. Ce qui me plaît aussi c’est que malgré tous ces aspects très émotionnels, on peut toujours suivre un fil formel d’une clarté qui équilibre ainsi le contenu expressif. C’est peut-être pour cela que sa musique parle autant aux profanes qu’aux musiciens professionnels. Il peut aussi faire preuve de légèreté et d’humour, comme dans les pièces réunies dans son cycle Diletto classico que j’ai enregistré chez Naxos, à côté de la sombre, mais aussi très ludique, Sonate n°2, peut être son chef-d’œuvre pianistique à ce jour.

RM : Quelles sont les personnalités qui ont compté dans votre formation de pianiste ?
ER : En premier lieu, ma mère, Jeannine Gillard, professeur de piano spécialisée dans l’apprentissage des jeunes enfants, qui m’a formée dès l’âge de 3 ans. Ensuite Jean-Claude Vanden Eynden, qui fut son mari et m’a élevée comme un père, a pris le relais vers l’âge de 9 ans jusqu’à mes 18 ans. Mais j’ai fait de nombreuses rencontres déterminantes dans ma recherche musicale et pianistique : Gyorgy Cziffra, Gyorgy Sebök, Martha Argerich, Vladimir Ashkenazy parmi d’autres, m’ont beaucoup impressionnée et aidée. Et puis il ne faut pas sous-estimer l’importance de l’accès aux archives sonores. Il est certain qu’écouter des pianistes tels que Josef Hoffmann, Dinu Lipatti, Clara Haskil, Maria Youdina, Benno Moisiewitch, et bien d’autres, est une source d’enrichissement indéniable.

RM : Vous êtes belge, mais votre carrière se développe en France où vous venez de signer un contrat avec une grande agence parisienne. La scène belge est-elle trop étroite pour une carrière dans les années 2010 ?
ER : Mes relations avec la France ont toujours fait partie de ma vie, que ce soit de par mes origines (belges, françaises, et mexicaines) mais également depuis 1987 où l’émission « l’école des fans » de Jacques Martin m’a donné la possibilité de rencontrer Cyprien Katsaris et de devenir lauréate de la « Fondation Cziffra », sous l’égide du Maître.
Par ailleurs, après avoir étudié au Conservatoire de Bruxelles, à la Chapelle musicale Reine Elisabeth, la Hochschule der Künste de Berlin et le Mozarteum de Salzbourg, mon périple estudiantin a pris fin lors de mon entrée d’emblée au 3ème cycle du CNSM de Paris (dans les classes de Jacques Rouvier, Michel Beroff et Brigitte Engerer), où j’ai obtenu, en 2003, le « Prix Blüthner », qui récompense le « premier nommé ». Et depuis 2006 j’ai la chance d’enseigner dans cette prestigieuse institution française. J’y donne le cours de « piano-complémentaire » et ai des élèves de tous niveaux et toutes disciplines ; cela va des violonistes aux métiers du son, en passant par des apprentis compositeurs ou chefs d’orchestre… c’est passionnant et diversifié. De tout temps (même avant la création du royaume de Belgique, en 1830), les musiciens wallons ont eu les yeux tournés vers Paris, je ne fais pas exception à la règle !
Il faut dire aussi que notre pays, dont la population totale est à peine plus grande que celle de Paris et sa région, souffre beaucoup d’une séparation linguistique qui empêche la plupart des artistes wallons de se produire en Flandres, et réciproquement. Ce qui rend le pays encore plus petit…

RM : Comment une pianiste du XXIe siècle travaille-t-elle son répertoire ?
ER : J’ai eu la chance d’avoir une solide formation à la Chapelle Reine Elisabeth. Parallèlement au piano, j’y ai suivi des cours d’harmonie, contrepoint, fugue, histoire de l’art, histoire de la musique, analyse musicale et aussi littérature et langues étrangères. Cela m’a été très utile pour nourrir mon inspiration et m’aider à me construire.
Ma mère m’a enseigné le piano d’abord par l’oreille. C’est sûrement pour cela que, dès l’âge de quatre ans, je reproduisais les thèmes des symphonies de Brahms sur le clavier dans les bonnes tonalités, qu’à neuf ans, j’écrivais mes propres cadences pour les concertos de Mozart que je jouais avec orchestre, et j’ai toujours pu transposer n’importe quelle œuvre dans n’importe quelle tonalité instantanément.
Par ailleurs, il est extrêmement enrichissant de pouvoir jouer pour des compositeurs, ce que j’ai fait très tôt puisque certains de mes professeurs, à la Chapelle et au Conservatoire, sont des auteurs majeurs du paysage musical belge (Frédéric van Rossum, Jean-Marie Simonis, Jacques Leduc, Paul Baudoin-Michel…). Voilà un puissant accélérateur de maturité musicale ! Imaginez que nous puissions recevoir les conseils de Debussy !
Je pense donc que ces trois composantes : culture, dons et travail avec les compositeurs, doivent s’harmoniser le mieux possible afin que toutes les dimensions du travail pianistique (recherche de couleurs, beauté du son, diversité des plans sonores, maîtrise technique…) ne soient pas une fin en soi mais servent seulement, et le mieux possible, la teneur du message musical qui se trouve dans les partitions.

http://www.resmusica.com/2012/02/27/eliane-reyes-pianiste/

La Clef d’or ResMusica de l’année 2011 – Clef CD Instrumental

Juin 2011

 

RESMUSICA.COM

Jean-Christophe Le Toquin

En septembre 1939, le compositeur polonais Alexandre Tansman est en France depuis vingt ans et il a été naturalisé français l’année précédente. Mobilisé à la déclaration de la guerre, il compose les 24 Intermezzi, d’abord au service de la censure internationale à Paris, ensuite à Nice en 1940 en attendant de s’exiler pour les Etats-Unis, en 1941.

Il s’agit ici du premier enregistrement des ces Intermezzi, et du premier disque soliste de la pianiste Eliane Reyes. Sous la direction artistique du compositeur Nicolas Bacri—proche de son esthétique—et conseillée par Gérald Hugon, ancien directeur aux éditions musicales Durand, Salabert, Max Eschig et qui a très bien connu Tansman, cette musicienne belge trentenaire bénéficie d’un entourage de qualité pour lancer sa carrière discographique. Un appui bien placé, car l’œuvre se révèle être du meilleur Tansman. La musicienne en fait ressortir la diversité des atmosphères, la grâce, le chant, le mystère, la légèreté, le rythme, l’énergie et le pathos, mais toujours avec le respect de la pudeur caractéristique du compositeur. Les événements difficiles qu’il traverse ne suscitent pas en lui de déflagrations sonores ni de grand drames, il faut savoir lire entre les lignes.

Brahms, Bach, Prokofiev, Bartók sont autant de références qu’on entend clairement au travers de l’œuvre, mais l’affinité la plus troublante est celle avec Chostakovitch. Le chef Oleg Caetani voit dans Tansman un Chostakovitch de l’Ouest et cela apparaît de manière particulièrement frappante dans le douzième intermezzo qui clôt le deuxième des quatre recueils. Indiqué «Allegro barbaro (Tempo di marcia)», il est la pièce qui évoque la guerre de la manière la plus directe. Par son ton, sa structure, il est très proche de l’Allegretto de la Symphonie n°7 Leningrad, qui fut composé à quelques mois de distance. Il est fascinant de voir comment deux compositeurs séparés par le rideau de fer mais réunis par une même culture musicale expriment de manière semblable leur dénonciation du totalitarisme et de la guerre.

«Je me sens vraiment “tansmanien”!» s’enthousiasmait le philosophe Vladimir Jankélévitch en 1957, après un après-midi passé à découvrir les Intermezzi. Aujourd’hui, cette œuvre et cette interprétation sont une des meilleures portes d’entrée à l’univers de Tansman.

Le jeu élégant et délicat d’Eliane Reyes en saisit tous les contrastes

Février 2014

CRESCENDO

Les pianistes connaissent bien le nom de Tansman; l’éditeur parisien Max Eschig en faisait la publicité sur les dernières pages de quelques-unes de ses partitions. Y apparaissaient les premières mesures de ses Novelettes ou de son pittoresque Tour du monde en miniature. Notre pays l’avait honoré; il avait été élu membre associé de la classe des arts de l’Académie royale de Belgique en 1977. Pourtant, ses oeuvres n’étaient guère inscrites aux programmes. L’imparfait est de rigueur car depuis quelques années, sous l’impulsion de la fondation qui porte son nom, de nombreux enregistrements prennent place aux catalogues de labels comme Chandos ou Naxos principalement. C’est ainsi que chez Chandos, Oleg Caetani a enregistré ses neuf symphonies, souvent en premier recording, principalement avec le Melbourne Symphony Orchestra et plus rarement avec l’Orchestra della Svizzera Italiana. Naxos a déjà à son actif la musique pour clarinette, qu’elle soit chambriste ou concertante. C’est pour la même qu’Eliane Reyes enregistre la musique pour piano dont voici le second CD. Le premier comprenait les 24 Intermezzi et la Petite Suite et avait été salué unanimement par la critique. Ce second enregistrement qui couvre deux décennies de composition (de 1929 à 1949) mérite les mêmes éloges. On peut qualifier Alexandre Tansman de compositeur néoclassique. On entend résonner du Bach, du Chopin, du Stravinsky dans sa musique. Les pianistes connaissent bien le nom de Tansman; l’éditeur parisien Max Eschig en faisait la publicité sur les dernières pages de quelques-unes de ses partitions. Y apparaissaient les premières mesures de ses Novelettes ou de son pittoresque Tour du monde en miniature. Notre pays l’avait honoré; il avait été élu membre associé de la classe des arts de l’Académie royale de Belgique en 1977. Pourtant, ses oeuvres n’étaient guère inscrites aux programmes. L’imparfait est de rigueur car depuis quelques années, sous l’impulsion de la fondation qui porte son nom, de nombreux enregistrements prennent place aux catalogues de labels comme Chandos ou Naxos principalement. C’est ainsi que chez Chandos, Oleg Caetani a enregistré ses neuf symphonies, souvent en premier recording, principalement avec le Melbourne Symphony Orchestra et plus rarement avec l’Orchestra della Svizzera Italiana. Naxos a déjà à son actif la musique pour clarinette, qu’elle soit chambriste ou concertante. C’est pour la même qu’Eliane Reyes enregistre la musique pour piano dont voici le second CD. Le premier comprenait les 24 Intermezzi et la Petite Suite et avait été salué unanimement par la critique. Ce second enregistrement qui couvre deux décennies de composition (de 1929 à 1949) mérite les mêmes éloges. On peut qualifier Alexandre Tansman de compositeur néoclassique. On entend résonner du Bach, du Chopin, du Stravinsky dans sa musique. Le jeu élégant et délicat d’Eliane Reyes en saisit tous les contrastes. On reste admiratif devant la belle cohérence de cet enregistrement. La notice intéressante de Gerard Hugon permet de mieux comprendre la structure des oeuvres proposées. Un must donc pour les inconditionnels de Tansman. Et à leur intention, signalons enfin qu’une partie de ses oeuvres pour violoncelle et piano est disponible chez Dux et que son concertino pour piano et sa pièce concertante pour la main gauche viennent d’être édités par CPO. © 2014 Crescendo (France). On reste admiratif devant la belle cohérence de cet enregistrement. La notice intéressante de Gerard Hugon permet de mieux comprendre la structure des oeuvres proposées. Un must donc pour les inconditionnels de Tansman. Et à leur intention, signalons enfin qu’une partie de ses oeuvres pour violoncelle et piano est disponible chez Dux et que son concertino pour piano et sa pièce concertante pour la main gauche viennent d’être édités par CPO.

© 2014 Crescendo (France) Jean-Marie André

los extraordinarios resultados obtenidos por Eliane Reyes

Juin 2014 

 

RITMO

Tres años después de la aparición de las grabaciones inéditas de los 24 Intermezzi aparece un nuevo volumen que, esperemos, sea el inicio de la integral pianística de Alexandre Tansman (1897- 1986), si atendemos a los extraordinarios resultados obtenidos por Eliane Reyes en aquella ocasión. El cada vez menos desconocido autor polaco se sirve de elementos y lenguajes diversos, que van desde el cromatismo el atonalismo hasta el neoclasicismo y el barroco, para conformar un lenguaje siempre sugerente y de gran personalidad.

La neobarroca Suite dans l’estyle ancien abre un conjunto que de nuevo sorprende por lo bien tocado que está. La pianista belga posee una capacidad comunicativa fuera de lo común, asentada en una ejecución ejemplar tanto en los pasajes más complicados (nítidos y contundentes) como en los más estáticos. Así, en las Arabesques más meditativas, Reyes despliega un mundo rico en poesía y sutileza. Las Baladas, por su parte, muestran el lado más personal y trágico de Tansman, magníficamente recreados, mientras que las Cinq impressions vuelven a hacer gala del sentido rítmico de la pianista. Cierra el disco las Eight cantilenas, un homenaje a Bach bajo el prisma de lo reflexivo.

 

© 2014 Ritmo

Der Klavierabend mit Eliane Reyes belohnte denn auch das autgeschlossene Publikum mit einer wunderbar kompakten und in sich äußerst stimmigen Präsentation

5 Janvier 2012

 

EBERSBERGER ZEITUNG (MÜNCHNER MERKUR)

Belwrndernswerkto compakt und äußersts timmig

Ebersberg – Blättert man das Programm des Klavierzyklus durch, so kann man feststellen, dassi n dieser’Saison besonderes Göwicht auf Werke nicht oder weniger bekannter Komponisten gelegt wird.

Der Mut dazu ist erfreulich und spricht die Neugier und Offenheit der Besucher dfl, denen manch eingefahrene Programmgestaltung zu eng wird.

Der Klavierabend mit Eliane Reyes belohnte denn auch das ausgeschlossene Publikum mit einer wunderbar kompakten und in sich äußerst stimmigen Präsentation. Sie führte von der Kurzform zu den umfangreicheren Werken und begann mit Ravels ,,Menuet sur le nom de Haydn ».

Für Liebhaber, vom ,,Rätselspaßd es Tages »: Man muss die diatonische Tonleiter bei A beginnen, damit die Gebrauchsanweisung aus dem Programmheft greift. Dann kommt man auf die Tonfolge H-A-D-D-G, die auch deutlich in dem kurzen, charmanten Stückchen hörbar ist.

Drei Nummern aus Alexandre Tansmans 24 Intermezzi (eine vierte als Zugabe) müteten mit nicht zu scharfen Dissonanzen eher konservativer an als Ravels Stücke, wobei das, Allegro scherzando » an Prokoffiev denken ließ. Zuerst war man versucht, die kurzen Stücke als ,Aufwärmphase » anzusehen, wurdaber bald eines besseren belehrt, da Eliane Reyes vom ersten Ton an zu voll entfalteter Spielform fand. Sie zeigte sich in einem ungemein weichen Anschlag im Piano und den mittleren Lautstärken, wie auch in wohldosiertem Forte, das aber jederzeit angesagte Kraftausbrüche erlaubteund trotzdem den Flügel als Partner respektierte.

Eine ideale Ausgangssituation für ,Jeux d’eau » von Ravel: bildhaftes Wasserplätschern, -glitzern und -perlen, das wir ähnlich schon im letzten Konzert mit Liszts ,,Wasserspiele der Villa d’Este » erleben durften, wobei das impressionistische Werk noch mehr mit Tonmalerei arbeitet. Das bildhafte Erleben wurde weiter gesteigert in Chopins f-moll-Ballade, die Eliane Reyes ausgesucht und sorgfältig durchgestaltet als spannende Erzählung inszenierte – und damit das Werk so interessant machte, dass man nachvollziehen kann, wie der italienische Schriftsteller R. Cotroneo in seinem Roman , Die verlorene Partitur » das Stück zum zentralen Inhalt des Buches machte. Ein Videoclip zu Reyes’Interpretation wäre geradezu überflüssig.

Hier war reinster Chopin zu hören mit einer Menge Stilnuancen von der Mazurka über das Nocturne und die Polonaise, jederzeit gut differenzierbar und trotzdem in sich und mit den anderen Werken dieses Abends verschmelzend. So wirkte Debussy gar nicht weit entfernt von Chopin, so führten die wiederum sehr bildhaften Titel (…Glocken,… Mond,…Fische . . . )
aus ,Images » konsequent weiter zu l’Isle joyeuse, einem alle Schwierigkeiten des Klavierspiels beinhaltenden Stück.

Alles gehörte irgendwer zusammen, zergLe gegenseitige Befruchtung und Einflussnahme. Kernstück des Abends war allerdings Nicolas Bacris Sonate Nr.2 als deutsche Erstaufführung. Eine Ehre für den Kulturverein und für Ebersberg.Das Werk ist noch nicht im Druck erschienen, die Pianistin spielte nach Noterl, hatte es auch uraufgeführt. Die beeindruckende Sonate mit dem immer wieder in Erscheinung tretenden Thema des, Adagio doloroso » besticht durch einen sehr attraktiven Klavierstil, der sich laut Aussage der Künstlerin an deutscher Klaviermusik orientiert.

Präzise Artikulation sowohl in Legato- als auch in hämmernden Staccato-Passa- B€fl, einige hervorblitzende Jazz-Elemente, perlende Girlanden und Schleifchen in den hohen Lagen und vieles mehr charakterisieren das hochinteressante Stück. Einer authentischen Interpretation durfte man ganz sicher sein: Der Komponist stand sozusagen bei der Einstudierung immer neben der
Pianistin.

EUSABETFHR ANK

Eliane Reyes et Nicolas Bacri au micro d’Edmond Morrel

4 Octobre 2011

 

ESPACES LIVRES

A l’occasion de la sortie de ce CD magistral, nous avons rencontré, dans leur domicile Bruxellois, le compositeur et son interprète.

Conversation à bâtons rompus au retour d’une tournée des artistes au Japon où eut lieu la création en Asie de la 2ème sonate pour piano de Bacri.

Un disque à écouter et à ré-écouter pour s’imprégner de toutes les émotions dont il irradie. Le CD qu’ils viennent d’enregistrer chez Naxos a déjà reçu la prestigieuse consécration du "Ring d’or" de Classique Info Magazine...avant même que le disque ne soit dans les rayons des disquaires !

Un enchantement.

Edmond Morrel

http://www.espace-livres.be/Ecoutez-la-pianiste-Eliane-Reyes?rtr=y

Eliane Reyes domine tout cela avec une articulation souveraine, et une qualité technique irréprochable. Sa musicalité est de plus confondante.

Octobre 2011

 

CHRONIQUE MUSICALE (JEAN LACROIX)

Chez Naxos (8.572266), l’éditeur bon marché qui s’attaque à tous les répertoires, même les moins connus et les plus inattendus, on se précipitera sur un programme entièrement dévolu à Alexandre Tansman (1897-1986), dont on a découvert avec passion les symphonies chez Chandos. Ici, c’est à une première mondiale (31 numéros sur 32, seule la Valse-Impromptu de 1940 étant déjà connue) que nous convie Eliane Reyes, dont la carrière de virtuose ne cesse de prendre un essor international. Du piano subtil, où l’on retrouve plusieurs influences, certes (de Bach à Prokofiev en passant, entre autres, par Brahms ou Ravel), mais surtout une réelle originalité d’écriture, qui fait de ce CD une priorité d’achat (surtout, à ce prix-là !). Les 24 Intermezzi (1939-1940) sont sobres et dépouillés, ils révèlent une sensibilité qui sait scruter la brièveté de l’instant pour le magnifier. La Petite Suite, sept courtes pièces de 1919, est dans la même ligne ; elle témoigne de l’art de la miniature que Tansman maîtrisait parfaitement. Eliane Reyes domine tout cela avec une articulation souveraine, et une qualité technique irréprochable. Sa musicalité est de plus confondante.

L’audacieuse Eliane Reyes s’y révèle souveraine de maîtrise et d’inspiration, conférant d’emblée à ces pages leurs lettres de noblesse.

Avril 2011

 

LA LIBRE BELGIQUE

Célébré de son temps mais tombé dans l’oubli au cours des années 1970, Alexandre Tansman -né en Pologne en 1897, naturalisé français, mort à Paris en 1986- connaît un retour en grâce remarqué, grâce aux enregistrements que lui consacre Naxos. Composées respectivement en 1939, en 1919 et en 1957, les pièces gravées ici révèlent une écriture riche et savante, ne reniant pas ses influences (Bach, Prokofiev, Ravel et même Brahms circulent entre les lignes) et magnifiquement écrites pour le piano. L’audacieuse Eliane Reyes -qui signe ici un premier enregistrement mondial- s’y révèle souveraine de maîtrise et d’inspiration, conférant d’emblée à ces pages leurs lettres de noblesse.

Martine Dumont-Mergeay

Eliane Reyes takes a different view and her performances are memorably refined, dextrous and committed

March 2011

 

GRAMOPHONE, BRYCE MORISSON

The piano music of a Pole in Paris coloured by wartime conditions

Time was when only the merest fraction of music was available on record. Today the situation could hardly be more different. Every nook and cranny is offered up for scrutiny, and so it is that Eliane Reyes, a young and wonderfully gifted pianist, gives us a world premiere recording of Alexandre Tansman’s 24 Intermezzos and Petite Suite and, as an accessible encore, the Valse-Impromptu.

The first two of the four books of the Intermezzos (1939–40) were composed in Paris, their mood dictated by dispiriting wartime conditions and reflecting a curious slant on Romanticism. Brief, fluid and exotic, they are alive with many unnerving twists of harmony and direction. Gérald Hugon’s long and scholarly notes suggest parallels with a wide selection of composers (en passant he mentions Brahms, Fauré, Chopin, Szymanowski, Bartók and Ravel), and yet it is difficult to feel that Tansman’s mercurial figurations are complemented by sufficient melodic distinction. The overall mood of all the Intermezzo is claustrophobic and introspective, and you will look in vain for much lightening of mood. The extensive lamentoso of Book 4 No 3 is, however, undeniably powerful, reflecting in its desolation something of Scriabin’s late and morbidly obsessive style. Elsewhere the writing, while outwardly varied, is too often confined within a narrow range of intervals. But Eliane Reyes takes a different view and her performances are memorably refined, dextrous and committed. She is excellently recorded and this is clearly a disc for explorers.

Interview

Février 2011

 

LES ÉDITIONS ROMAINES

Vous avez découvert la musique, l’avez apprise, dès votre plus jeune âge. Quelle a été la force qui vous a poussée à persévérer dans un univers aussi exigent que le monde artistique de sorte à pouvoir rapidement vous produire en public ?

Le fait d’apprendre la musique dès le plus jeune âge est un avantage énorme, cela requiert beaucoup de discipline.

C’est comme le langage, tout ce qui est acquis avant 6 ans est extrêmement précieux, telles les sensations digitales qui créent des empreintes sur le clavier, et l’habitude de la lecture à vue.

En outre cela m’a beaucoup aidé d’avoir des parents musiciens qui ont pu déceler mes aptitudes à la musique et m’ont encouragée à l’apprentissage du piano alors que je constate que beaucoup de mes amis professionnels hésitent le plus souvent à inciter leurs enfants à suivre leurs traces. D’ailleurs, ce serait un grand poids pour moi si mes enfants souhaitaient embrasser le même type de carrière que la mienne car il faut tellement avoir le goût des défis et des nerfs très solides.

Cependant je serais heureuse s’ils maîtrisaient suffisamment les rudiments de la musique car nous pourrions mieux nous comprendre.

Certains artistes, très précocement reconnus comme tels, ont parfois souffert de ne pas vivre une enfance comme les autres. Avez-vous ressenti quelque chose de semblable ? Avez-vous douté dans votre parcours?

C’est au moment de la fin de l’adolescence que le moment est le plus critique car on n’a plus l’insouciance et les facilités de l’enfant prodige, tant sur le plan musical que technique et le regard des autres se métamorphose en un jugement qu’il est plus difficile d’accepter.

A l’âge adulte, il devient essentiel de concilier deux choses qui peuvent paraître contradictoires à première vue : d’une part une conception mûrie et une technique réfléchie, en un mot une conscience accrue de sa mission artistique, et d’autre part, un lâcher-prise qui sera primordial pour que tout ce qui est préalablement passé par l’intellect puisse prendre vie avec le plus de naturel possible, justement ce naturel que nous avions dans notre enfance et qu’il nous faut à tout prix retrouver.

Une solide formation à la chapelle Reine Elisabeth en parallèle grâce à l’harmonie, contrepoint, fugue, histoire de l’art, de la musique, littérature, analyse musicale et langues étrangères m’a été très utile pour nourrir mon inspiration et m’aider à construire ce qui n’aurait été qu’un projet sympathique mais puéril s’il était resté dans sa forme d’origine.

Cela ne va donc pas sans d’importants sacrifices concernant mon enfance qui fût extrêmement studieuse et me mit à l’écart de la plupart des autres enfants qui ne pouvaient pas comprendre mon investissement.

Ai-je douté? A l’âge de 20 ans, j’ai éprouvé le besoin de me recentrer et je n’ai hélas pas pu faire l’économie d’une rupture avec le piano qui a duré quelques mois, qui furent suffisants pour m’aider à me rendre compte que la musique était au centre de ma vie et heureusement assez brève pour ne pas m’en détourner définitivement. C’est la confiance de musiciens tels Vladimir Ashkenazy ou Martha Argerich, sans oublier G. Cziffra et Alan Weiss, qui m’a poussé à franchir un obstacle qu’on peut résumer ainsi : la difficulté d’incarner et de projeter dans l’avenir tout ce qu’implique une véritable vocation musicale, c’est-à-dire les incertitudes matérielles, la difficulté de concilier une carrière artistique et une vie personnelle sur le plan sentimental et familial sans parler de la difficulté à trouver un véritable sens à cette inflation insensée de versions discographiques des 500 chefs-d’œuvre pianistiques qui semblent trop bien suffire au monde musical.

Lorsque l’on parcourt l’histoire de la musique, tant sous l’angle des compositeurs que sous celui des interprètes, peu de femmes sont mises en évidence. Voyez-vous une évolution ? Pensez-vous que la féminité apporterait un plus au monde de la composition ?

La répartition des rôles sociaux entre les hommes et les femmes ayant prodigieusement évolué depuis le début du 19ème siècle, il est tout à fait naturel que de plus en plus de femmes choisissent la musique pour profession. Elles y apportent une sensibilité qui n’est ni plus féminine ni plus masculine que les hommes car il est évident que nous avons chacun une part des deux, mais agrandissent de par leur personnalité individuelle l’éventail des approches musicales, ce qui ne peut qu’être bénéfique à la musique.

Les vertus cardinales traditionnellement associées à la féminité ne le sont pas par hasard, même si je suis opposée à la caricature qui consiste à attribuer aux femmes les seuls mérites de la délicatesse et de la douceur,il n’est que de prononcer les noms de Martha Argerich, Brigitte Engerer, Elisso Virsaladze ou Maria Yudina pour se rendre compte qu’une femme peut apporter de la vigueur et de la fougue,et de constater que chez nombre d’interprètes masculins (M.Perahia, Y.Egorov, D.Lipatti, C.Zimmerman et bien d’autres) continuent de nous charmer par des interprétations d’une finesse que nos arrières grands-pères auraient volontiers qualifiés d’effeminés.

Cela aujourd’hui ne peut que faire sourire.

Quant aux compositrices, qui sont de plus en plus nombreuses sur la scène musicale,il me paraît totalement incongru d’écouter leur musique sous l’angle d’une dualité masculin-féminin.

La musique est l’art abstrait par excellence dans la mesure où elle ne passe par aucune représentation et le comble du ridicule me paraît consister à y plaquer ce genre de clichés.

Si l’on considère le but de la musique comme le désir de faire partager des émotions, la sensibilité de l’interprète est en première ligne. Quel regard, dès lors, portez-vous sur la maturité des artistes ? Toutes les musiques sont-elles à mettre dans les mains d’un artiste quel que soit son âge ? Vous arrive-t-il de revisiter d’anciennes partitions ?

Une oeuvre musicale qui en vaut la peine peut supporter des tas de visions différentes et contradictoires.

Du point de vue de l’interprète, il est passionnant de revenir sur une même oeuvre à différentes étapes de sa vie.

L’idéal serait de pouvoir jouer une oeuvre dans sa jeunesse comme si c’était la dernière fois et dans sa vieillesse, comme si c’était la première fois.

J’ai vécu récemment un moment qui, en résonnance avec cet idéal m’a fait vivre presque simultanément les deux états à la fois.

J’ai eu le privilège de jouer dans le cadre des « concerts du printemps » à Val-Dieu et d’avoir pour partenaire le mythique quatuor Parkanyi (ancien « Orlando »). dans les quintets de Brahms que je jouais pour la 1ère fois.

A un moment donné que je n’oublierai jamais, il y a eu cet échange de regards entre le primarius 65 ans et moi-même (j’ai 33 ans depuis quelques jours), à travers lequel s’est exprimé cette passation générationnelle émotionnelle d’une grande intensité.

(NDRL: ce concert sera diffusé sur musique 3 le 7 juillet prochain à 14h)

Toujours sur base de ce but de la musique, pensez-vous qu’un musicien doive avoir un rapport particulier au sacré pour être les mains ou la voix de la musique sacrée ?

Le propre du grand art est de nous transmettre le sens du sacré. Mais sacré ne veut pas forcément dire religieux et il n’est que d’entendre les affligeantes roucoulades du Stabat Mater de Rossini pour se rendre compte que religieux n’implique pas le sacré.

Certains compositeurs comme Liszt s’escrimeront toute leur vie à atteindre le ciel tandis que le ciel tombe sur la tête d’un Schubert sans prévenir.

Il suffit parfois de 3 notes de musique pour que soudain la conscience du mystère de notre présence au monde nous transporte et transcende le quotidien.

Alors que vous menez une carrière publique importante et que vous avez à votre actif une discographie fournie, vous orientez également votre carrière vers l’enseignement. Les concerts et l’enseignement ont-ils des vertus différentes sur votre passion du piano ?

Différentes et complémentaires. L’activité d’interprète m’oblige à vaincre mes peurs, le regard des autres… C’est également une façon de me donner entièrement dans l’expression intime de mon ressenti tandis que l’enseignement par son impératif de transmission, m’oblige à m’arrêter afin d’analyser ce que nous sommes, avec nos qualités et nos défauts.

Il y a donc une complémentarité à laquelle je m’astreins, l’un nourrissant l’autre.

Pensez-vous qu’un interprète puisse en quelque sorte s’approprier une œuvre par la façon dont il la restitue au public, et, si oui, l’exercice vous paraît-il d’autant plus facile que l’œuvre en question est relativement méconnue ?

Dans une large mesure, interprétation et appropriation sont équivalentes.

Mais jusqu’où l’appropriation peut-elle aller? N’y a-t’il pas le risque de déformer le message du compositeur sous prétexte d’affirmer une personnalité?

Y-a-t-il un nombre limité possible d’une même oeuvre?

C’est la question que je me pose lorsque j’aborde les chefs-d’oeuvre du grand répertoire, et comment vais-je manifester ma personnalité sans risquer d’en abîmer ces musiques qui ont traversé les siècles…

Nous avons moins de références en programmant des oeuvres plus récentes et méconnues, moins de comparaisons et cela suscite un réel intérêt auprès du public curieux.Cela nous montre également l’impact que les chefs-d’oeuvre ont eus sur des tas de compositeurs délaissés ou sur ces pièces boudées du public ou des organisateurs car nous retrouvons souvent des thèmes communs d’un compositeur à l’autre ou des citations.

Tout comme la question de rapportant à « y-a-t’il un nombre d’interprétations limitées », nous pouvons également transposer cela dans la composition…

La beauté subjugue et souvent, lorsque celle-ci est matérielle, selon Hegel, plus on veut s’en approcher, moins la beauté est saisissable. Que vous inspire cette image dans votre registre musical ?

La question se pose plutôt pour un peintre lorsqu’il veut reproduire la beauté d’un être ou d’un paysage mais le sens de la musique est la musique elle-même, sa morphologie qui est tout à fait saisissable de manière analytique.

Toute la difficulté consiste à la restituer dans une exécution qui lui rende justice.

Votre parcours est parsemé de reconnaissances professionnelles, des Grands Prix remportés… Pensez-vous à présent à développer à l’avenir votre discographie ?

Ma discographie n’est qu’à son début, en septembre un cd Milhaud sortira chez Naxos avec J-M Fessard et F.Pélassy, suivi en décembre d’un cd Alexandre Tansman avec l’intégrale des 24 intermezzi (une première mondiale) toujours chez Naxos.

En 2011, un cd Nicolas Bacri sortira, également pour Naxos et également en 1ère mondiale réunissant quelques-unes des oeuvres les plus importantes pour piano de ce compositeur français qui est par ailleurs mon compagnon.

Vous cultivez l’audace de l’interprétation de compositeurs classiques du passé comme de compositeurs actuels, inscrits dans la vague de la Nouvelle Musique Consonante, par exemple M. Michel Lysight, M. Dominique Dupraz. Que pensez-vous de cette veine artistique dans l’histoire de la musique ?

Je ne suis pas musicologue et je n’ai ni à situer ni à légitimer un courant esthétique à l’aide d’une vision historique ou idéologique.

Les compositeurs avec lesquels je travaille représentent des courants divers et variés mais ils ont tous un point commun: ils rejettent l’extrémisme cérébral dans lequel tombe beaucoup de contemporains qui croient ainsi être à la pointe du modernisme.

Il me semble que l’équilibre entre nature et culture ne doit jamais être rompu dans la musique comme partout ailleurs.

Et seules les oeuvres qui ont gardé cette conscience-là me parlent suffisamment pour que j’aie la sensation, en les jouant, de transmettre quelque chose de vivant et des émotions.

Je ne peux être en phase avec les compositeurs que lorsque j’arrive à identifier dans leur musique des blessures qui me sont communes, au-delà de tout problème esthétique et même d’époque.

La musique que je sens le mieux est celle qui me parle de mes blessures les plus intimes.

De plus, il est extrêmement enrichissant pour un interprète d’avoir ce rapport privilégié avec un compositeur, cela crée une intimité musicale… Imaginez que nous puissions recevoir les conseils de Chopin, tous les compositeurs avant l’avènement discographique étaient joués aux concerts. Ce n’est que récemment que l’activité de concertiste et l’évolution de la musique n’a pas évolué conjointement et que les compositeurs contemporains ont une place infime actuellement par rapport aux oeuvres du passé…

Website : www.leseditionsromaines-culture.biz

Partager la musique (Michèle Friche)

Aout 2009

 

LE SOIR

Eliane Reyes, pianiste belge, accompagnatrice officielle du Concours Reine Elisabeth et surtout chambriste, jouera sous les étoiles de la nuit de Belœil.

Rencontre

 

Ce petit bout de femme souriante, spontanée, chaleureuse, a illuminé le dernier Concours Reine Elisabeth : est-ce un hasard si trois de « ses » violonistes, Lorenzo Gatto, Kim Suyoen et Yoon Soyoung, se retrouvent parmi les lauréats ?

Eliane Reyes participera à la Nuit de Belœil ce 22 août avant un récital avec Gatto en septembre et la sortie de plusieurs disques. Rencontre avec cette jeune chambriste hors pair que le statut d’enfant prodige promettait à la virtuosité solitaire. « C’est un choix délibéré de faire de la musique de chambre, par une vraie attirance du répertoire, et parce que j’aime être au service d’un musicien, alors qu’en soliste, tous les regards sont braqués sur vous… cela peut être grisant, mais le dialogue musical colle mieux à ma personnalité. J’ai arrêté l’école très jeune, à 12 ans, pour entrer au Conservatoire, puis à la Chapelle musicale Reine Elisabeth. J’avais un précepteur à la maison, mais le contact avec les autres m’a manqué. Je compense… Mais je continue de jouer en solo, parce qu’il faut aussi s’imposer… pour que d’autres musiciens viennent vous chercher. » N’y entendez pas de regret, Eliane Reyes préfère parler de destin dans une famille où tous jouent le langage de la musique, jusqu’au jeune frère David qui cartonne à Paris dans la composition de musique de films (Le renard et l’enfant, c’est lui).

« Ma mère et mon beau-père Jean-Claude Vanden Eynden m’ont guidée le mieux possible dans mon parcours musical et je ne me suis jamais posé la question de faire autre chose, même si je me disais que si ça ne marchait pas je pourrais devenir photographe ou interprète ou psychologue… Qui peut prévoir une tendinite irrécupérable ? » Celle qui a donné ses premiers concerts à 5 ans et fit exploser l’audimat de L’école des fans de Jacques Martin à 9 ans, immédiatement prise en main par la Fondation Cziffra et Tibor Varga, a aujourd’hui deux enfants pour qui elle refuse le forcing. « Ils sont équilibrés, ils aiment la musique, tranquillement. » Quant à la figure tutélaire (et paternelle) de Jean-Claude Vanden Eyden, elle n’a pas engendré de rivalité, « mais un complexe, oui », précise Eliane.

« C’est un vrai génie ! Mais nous n’avons pas le même jeu, différemment sensible, plus féminin. Il m’a encouragée dans ce sens. Je n’ai pas été 3e au Reine Elisabeth à 16 ans comme lui, mais j’ai quand même trouvé un moyen de m’en sortir en devenant pour la seconde fois accompagnatrice officielle. »

Et cette expérience, elle n’est pas près de l’oublier. « Je me suis investie à plein temps, je me suis passionnée pour le formidable et difficile imposé de Claude Ledoux qu’il a lui-même voulu comme une page de musique de chambre. J’ai travaillé jour et nuit pour creuser ses convictions musicales, pour arriver blindée au concours comme si j’étais moi-même candidate ! Vu l’état de stress des concurrents, il faut être en béton pour les soutenir. J’ai eu beaucoup de chance avec eux. Nous avons énormément dialogué. Et je n’aurais pas pu être aussi libre s’ils ne m’avaient pas laissé la place pour l’être. »

Des contemporains

 

plus consonants

 

Eliane Reyes nage dans la musique de nos jours comme un poisson dans l’eau. Elle la joue, l’enregistre.

« On a des super compositeurs, c’est un devoir de défendre ce patrimoine, mais surtout un plaisir. Mon oncle Philippe Terseleer était un spécialiste de la musique belge, d’André Souris, Henri Pousseur, Pierre Bartholomée. Moi, j’en choisis peut-être de plus consonants, les Benoît Mernier, Michel Lysight, Jean-Luc Fafchamps, Claude Ledoux… J’essaie d’en introduire l’un ou l’autre dans chacun de mes programmes. Je ne veux pas trop rester dans le grand répertoire traditionnel. Peut-être parce que ça me rappelle trop mon passé d’enfant prodige. J’ai fait des recherches sur la musique mexicaine et d’Amérique latine. Là aussi j’ai des racines. Si ma mère est une pure Verviétoise, mon père, violoniste, que j’ai très peu connu, est franco-mexicain. Et je me sens attirée par les couleurs de cette musique, son côté passionné. En jouant à Cuba, où j’ai gagné un concours il y a trois ans, j’ai découvert que Ravel était l’ami d’un compositeur cubain, Ernesto Lecouana, et que Chopin avait inspiré Manuel Ponce, un Mexicain. » Il n’en fallait pas plus pour qu’Eliane Reyes construise des programmes mêlant les uns et les autres ! Avec son complice et ami Ronald Van Spaendonck, elle vient aussi d’enregistrer pour Fuga Libera un ensemble de sonatines pour clarinette et piano du XXe siècle qui comporte trois premières mondiales (Raymond Chevreuille, Marcel Poot et Nicolas Bacri) et une œuvre de Joseph Horowitz que nos deux compères ont travaillée en sa compagnie à Londres. Un autre disque suivra consacré aux Intermezzi d’Alexandre Tansman pour Naxos. Et les projets de concert ne manquent pas (dont un récital de mélodies avec Elise Gäbele) pour celle qui partage l’enseignement du piano et de la musique de chambre entre Bruxelles et Paris.

Le 22 août, à partir de 18 heures, Nuit musicale du château de Belœil. 070 222 007. www.070.be

Le 13 septembre, à Ittre, au Palais Plume,

récital avec Lorenzo Gatto. 010 61 60 15.

www.festivaldewallonie.be

Eliane Reyes a subjugué son monde

24 Juin 2007 

 

LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE

De la sensualité romantique…

Les Fêtes romantiques font une place aux talents qui s’annoncent. Trois d’entre eux sont programmés. Dimanche, c’était la magnifique Éliane Reyes.

Dommage qu’il n’y ait pas plus de monde. C’était magnifique ! » Capté à la sortie du concert dominical d’Éliane Reyes au titre de jeune concertiste de talent en cours d’achèvement de formation au CNSM de Paris, le commentaire est pleinement fondé. Depuis l’an dernier, les Fêtes romantiques misent sur les jeunes pousses, détectant avant les autres des artistes au talent certain. Avant que la gloire ne les monte sur un piédestal annoncé, avant que leur place dans les Fêtes romantiques ne devienne celle du samedi soir ou du dimanche après-midi, le plaisir d’Yves Henry et de Jean-Yves Clément en partenariat avec le CNSM, détecte les concertistes qui ont une vraie trempe.

Les Fêtes romantiques font une place aux talents qui s’annoncent. Trois d’entre eux sont programmés. Dimanche, c’était la magnifique Éliane Reyes.

Dommage qu’il n’y ait pas plus de monde. C’était magnifique ! » Capté à la sortie du concert dominical d’Éliane Reyes au titre de jeune concertiste de talent en cours d’achèvement de formation au CNSM de Paris, le commentaire est pleinement fondé. Depuis l’an dernier, les Fêtes romantiques misent sur les jeunes pousses, détectant avant les autres des artistes au talent certain. Avant que la gloire ne les monte sur un piédestal annoncé, avant que leur place dans les Fêtes romantiques ne devienne celle du samedi soir ou du dimanche après-midi, le plaisir d’Yves Henry et de Jean-Yves Clément en partenariat avec le CNSM, détecte les concertistes qui ont une vraie trempe.

Une grande maîtrise de son sujet
Chacun des trois week-ends des Fêtes romantiques en propose un le dimanche, entre 11 h et midi. Une heure tout rond pour se laisser bluffer par une déjà maestria épatante, se laisser convaincre.

Tel était assurément le cas dimanche avec Éliane Reyes. La blonde pianiste a « tout d’une grande », pour pasticher certaine publicité, car elle est loin d’être une petite. Émue, on le comprend : jouer à Nohant dans la maison de George Sand, pour une « débutante » ce n’est pas rien. En douze pièces et deux bis, elle a subjugué son monde. Son jeu est à la fois dense et délié, suave et rythmé, soyeux et de caractère. Comment dire ? Elle ne joue pas comme un cheval fougueux mais déjà maîtrise l’expression. Elle offre une écoute toute de sensualité sans mièvrerie, une précision technique qui s’efface au profit du chant mélodique. Que ce soit Schubert, Schumann, Chopin, Debussy ou Ravel – dans lequel elle excelle – elle domine le sujet, le possède avec une pudeur exquise doublée d’une détermination certaine. Éliane Reyes ne joue pas du piano féminin mais joue au piano, réussit déjà, alors qu’elle entre à peine dans la phase de maturité, à donner l’impression d’être accomplie. Point de précipitation dans le jeu, point d’expression forcée, pas de déséquilibre de structure, c’était – les yeux fermés pour ne pas se laisser prendre au charme de sa douce blondeur et sa miellée carnation – un travail d’orfèvre et une sacrée gageure puisqu’elle succédait, dans le cycle des concerts, à l’immense Aldo Ciccolini qu’on avait pu entendre la veille au soir. Il faut retenir son nom : Éliane Reyes a un parcours formidable qui s’annonce. Assurément, elle reviendra à Nohant !

Article de Michel Duterme – www.lanouvellerepublique.fr

RITMO « tecnicamente excepcional y profundamente conmovedora »

16 Juin 2001

 

RITMO

RITMO LA INTERPRETACIÓN DE ELIANE REYES ES DE NOTA:

TÉCNICAMENTE EXCEPCIONAL Y PROFUNDAMENTE CONMOVEDORA

Alexandre Tansman (1897–1986) fue en su época un compositor renombrado y reconocido: además de la admiración de sus colegas, directores de la talla de Koussevitzky, Stokowsky o Toscanini estrenaron varias de sus obras, demostrando verdadero interés por el trabajo del polaco. El tiempo, sin embargo, ha sido implacable con Tansman, relegándolo al ostracismo musical en salas de concierto y de grabación.

Para paliar esta situación, Naxos vuelve a la carga en su loable cruzada contra el olvido de compositores fuera de circuito con este estreno discográfico, que contiene la primera grabación de los 24 Intermezzi para piano. Este ciclo de cuatro libros compuesto en 1939 es un fiel reflejo del tiempo en que se compuso: el inicio de la Segunda Guerra Mundial se plasma en esta música violenta, brutal, sin muchas concesiones a lo bello o lo lírico y de una carga emocional considerable. Técnica y formalmente variadísimas, estas piezas recurren al contrapunto, al cromatismo, a la atonalidad, a la modalidad, a la danza, al barroco o a Stravinsky sin perder la unidad ni la personalidad del lenguaje.

La interpretación de Eliane Reyes es de nota: técnicamente excepcional y profundamente conmovedora.

Par Jordi Caturla González – Website : www.naxos.com

Reyes, entre Barshaï et Ashkenazy

9 Decembre 1999

 

LE SOIR

Une rareté est à épingler, dans la programmation du Festival Beethoven de l’OPL : la transcription pour piano de son concerto pour violon, que l’on désigne parfois sous l’appellation « Concerto pour piano no 6″. Encore faut-il préciser de quelle partition l’on parle, comme nous l’explique Eliane Reyes, la jeune pianiste belge sollicitée par l’OPL pour l’interprétation de cette oeuvre (1). Il existe en effet deux versions de cette transcription , nous explique-t-elle : la première, réalisée par Beethoven lui-même, est la plus pianistique dans son adaptation de l’écriture soliste. Le compositeur en a réalisé une autre transcription, pour l’un de ses élèves; c’est cette dernière version, plus proche de la partition originale pour violon, que l’on m’a demandé de jouer sous la direction de Rudolf Barshai.

On retrouvera avec plaisir cette pianiste dont le talent s’est affirmé ces dernières années, dépassant souvent les frontières de notre pays. Récemment, Eliane Reyes a effectué une tournée en Allemagne, avec l’Orchestre philharmonique de Bonn : Stuttgart, Hambourg, Berlin,… ont été les étapes d’un voyage au cours duquel elle a joué le concerto de Schumann à six reprises. Nous avons joué dans de grandes salles pouvant accueillir plus de deux mille personnes, et j’ai été très frappée par la chaleur et l’enthousiasme du public. L’engouement pour la musique est toujours aussi fort en Allemagne, peut-être est-ce dû au fait qu’on continue de l’enseigner dans le cadre des études générales. L’outre-Rhin semble en tout cas réussir à la pianiste belge, qui a donné récemment à Berlin un récital dont les conséquences la réjouissent particulièrement. Martha Argerich, avec qui elle est en contact régulier depuis le début des années nonante, l’a en effet présentée à Vladimir Ashkenazy qui, séduit par son jeu, lui a ensuite organisé un récital à Berlin le 12 octobre. Suite à cette soirée, Ashkenazy l’a ensuite engagée pour une série de concerts à Prague en 2001.

Comme beaucoup de jeunes musiciens, Eliane Reyes tente l’impossible pour être présente sur la scène musicale. La vie n’est pas toujours facile pour nous… Personnellement, je trouve que le battage médiatique fait trop de cas du Concours Reine Elisabeth et il me semble que l’attente du milieu musical est un peu exagérée par rapport à cet événement.Je sais ne pas être la seule musicienne belge à penser de la sorte. N’ayant pas dépassé le cap du premier tour en mai dernier, a-t-elle l’impression de « payer » aujourd’hui pour la déception que d’autres ont ressentie? Je ne sais si c’est un hasard, mais il se fait qu’on m’a moins demandée par la suite… Le problème est peut-être plus général: les bureaux de concerts ne semblent pas toujours prêts à vouloir prendre beaucoup de risques en ce qui concerne les jeunes musiciens en Belgique.

L’année qui arrive sera surtout consacrée à la musique de chambre, plusieurs concerts étant prévus avec la violoncelliste Marie Hallynck et le clarinettiste Ronald Van Spaendonck. Nous avons déjà travaillé ensemble à plusieurs reprises et nous nous retrouvons toujours avec énormément de plaisir. J’ai d’autre part très envie de me consacrer à tout un répertoire de musique belge qui a plutôt disparu des affiches (je pense à des compositeurs comme Joseph Jongen ou Jacques Leduc, par exemple).

(1) Liège, Basilique Saint-Martin, le 18 décembre.

Michel Debroco, le SOIR

Beethoven déçoit, mais Reyes captive

22 Décembre 1999

LA LIBRE BELGIQUE

Le « sixième » concerto pour piano de Beethoven a fait salle comble, samedi.

 

A qui étaient destinés les applaudissements du public, samedi dernier à Saint-Martin ?

La prestation d’Eliane Reyes semble avoir davantage séduit l’auditoire que la transcription du concerto pour violon de Beethoven. Cet arrangement ne pouvait combler des mélomanes attachés à leurs références et récemment subjugués par l’éblouissante interprétation de Frank Peter Zimmermann.

Par contre, tout devait céder au chant de la soliste, à commencer par Rudolph Barshaï, attentif et complice. Il faut souligner la cohérence et l’efficacité d’une conception qui intègre parfaitement le piano à l’orchestre, ductile et précis, hormis quelques imperfections parmi les vents. Dès les premières mesures, le chef impose une vision olympienne, retenue, qui prépare idéalement l’entrée de la soliste. Au mordant, à l’incandescence de l’archet, se substituent les sonorités liquides et permées du piano, qui infléchissent le caractère de l’oeuvre et tempèrent son lyrisme. Eliane Reyes aborde la partition avec un naturel confondant: son jeu fluide, volubile mais nuancé en ferait presque oublier le violon, même dans les nombreux trilles, qui jamais ne semblent mécaniques, martelés.

Toutefois, un moindre engagement dans la cadence du premier mouvement trahit des réticences légitimes; cet étalage de virtuosité spécialement écrit pour le piano, détonne et met en lumière la différence d’écriture entre les parties originales et les parties transcrites. En revanche, le toucher délicat de l’artiste épouse à merveille la rêverie du deuxième mouvement pour lequel l’orchestre tisse un accompagnement raffiné.

Le rondo final s’enchaine avec fougue et détermination même si l’acoustique du lieu estompe parfois l’articulation des cordes. Inutile de revenir sur la « Pastorale », jouée la veille, solidement charpentée, élégante, mais peu habitée. La neuvième exigera un autre souffle…

Bernard Schreuders

Energie un technische sicherheit

Mars 1997

 

BADISCHE NEUESTE NACHRICHTEN

Die 1977 im belgischen Verviers geborene Pianistin Eliane Reyes setzt nach anfänglichen Studien in Brüssel momentan ihre Ausbildung an der Hochschule der Künste in. Berlin bei Hans Leygraf fort. Beim « 5. Internationalen Wettbewerb für junge Pianisten », der im August letzten Jahres in Ettlingen stattfand, erhielt sie einen ersten Preis in der Kategorie für Teilnehmer bis 20 Jahre. Aus diesem Anlaß war sie nun eingeladen, sich mit einem Klavierabend im Asamsaal des Ettlinger Schlosses dem Publikum vorzustellen.

Ihr anspruchsvolles Programm begann mit der Sonate A-Dur op. 101 von Ludwig van Beethoven. Mit großer technischer Sicherheit und energischem Zugriff meisterte sie den lebhaften Marsch und das Finale, dessen polyphone Satzstrukturen sie klar herausarbeitete, während sie im eher lyrischen Einleitungssatz trotz sensibler Agogik die von Komponisten geforderte « innigste Empfindung » nur zum Teil verwirklichen konnte.

Auch bei den späten sechs Klavierstücken op. 118 von Johannes Brahms hatte man mitunter den Eindruck, daß die sehr sympathisch und natürlich auftretende Pianistin für vergrübelte Reifewerke alternder Komponisten vielleicht einfach noch ein wenig zu jung ist, denn obgleich sie die einzelnen Stücke durchaus musikalisch zu gestalten wußte, konnte sie die subtile Balance zwischen loser Reihung und unterschwelligem zyklischen Zusammenhang, mit der Brahms hier auf raffinierteste Weise spielt, nur zum Teil in ein schlüssiges interpretatorisches Konzept umsetzen.

Die furiose Wiedergabe des Rondo capriccioso op. 14 von Felix Mendelssohn-Bartholdy, mit dem sie das Konzert nach der Pause fortsetzte, war dann allerdings rundum gelungen. Nach der gravitätisch genommenen Einleitung schlug sie im schnellen Teil ein wahrhaft halsbrecherisches Tempo an. Bei der abschließenden Sonate h-Moll op. 58 von Frédéric Chopin überzeugte sie nicht nur bei den dramatischen Abschnitten, sondern auch in den lyrischen Momenten. So gelang ihr der hier an drAitter Stelle stehende langsame Satz, ein melodisch sich verströmendes Largo, mit großer Klangschönheit und sehr organisch wirkender Phrasierung. Nach dem virtuosen Finalsatz der Sonate bedankte sich Eliane Reyes dann noch mit Chopins träumerischer Nocturne Des-Dur op. 27, Nr. 2, bei ihren Zuhörern für den herzlichen Applaus.

Eliane, la petite virtuose belge aime Chopin… et Lio!

Octobre 1987

 

PARIS-MATCH

Comme chaque dimanche, le Théâtre de l’Empire à Paris ronronnait au rythme gentillet et vaguement nunuche de « L’Ecole des fans », la populaire émission de Jacques Martin, dont le brillant pianiste Cyprien Katsaris arbitrait complaisamment la séquence classique mensuelle. Bref, l’inaltérable routine. Et quand une petite Belge de neuf ans s’installa au clavier, personne ne pouvait imaginer qu’on allait vivre un moment de télévision d’une rare intensité. Quelques minutes plus tard, pourtant, le temps d’exécuter la valse en sol bémol majeur de Chopin, Eliane Reyers soulevait littéralement d’enthousiasme les deux mille spectateurs privilégiés et arrachait à la torpeur dominicale les quinze millions de téléspectateurs assoupis devant leur petite lucarne. « C’est la révélation que nous attendions depuis longtemps ! », s’exclamait, ému, Jacques Martin. « Voilà une future professionnelle remarquable. Elle est très mûre et elle a tout pour elle. Bravo ! », surenchérissait Cyprien Katsaris, visiblement stupéfait. Et, pour la première fois dans la longue histoire de l’émission, l’animateur sollicita un « bis ». Une étoile – une vraie ! – venait de naître… Pour Eliane, petite Verviétoise fille d’un violoniste et d’un professeur de piano, ce plébiscite récompensait une carrière déjà longue ! C’est à deux ans et demi, en effet, que la fillette prit contact avec le piano sous la houlette de sa maman. A cinq ans, elle donnait son premier récital pour le Rotary de Liège. A sept ans, à Spa, elle jouait en première partie de son parrain, notre grand pianiste Jean-Claude Vanden Eynden. Et l’an dernier, à Verviers, elle se produisait avec Abdel-Rahman El Bacha, jadis premier lauréat du Concours Reine Elisabeth.

A la bonne école de sa maman

Une réussite précoce et rarissime qui s’explique évidemment par les dons hors du commun d’Eliane Reyers : sens inné de la phrase et de ses silences, idée musicale des diverses sonorités combinés avec une agilité, une sensibilité et une maturité extraordinaires pour son âge. Mais un épanouissement qui n’aurait sans doute pas été possible sans le fantastique travail de défrichage accompli par sa maman. Encourage par les résultats obtenus avec sa virtuose de fille, celle-ci a d’ailleurs décidé d’en faire profiter les autres. « J’ai mis au point une méthode tout à fait naturelle qui consiste à apprendre le piano aux enfants comme on leur apprend à parler. Avant de savoir lire les notes, ils jouent de mémoire. Et comme il faut huit ans pour entrer au conservatoire, j’ai créé, à Verviers, une école pour les petits surdoués à partir de trois ans : la FOMAS (« Fifty-One Music Arts School »). Actuellement, je suis en train de monter le même type d’enseignement en France et en Allemagne ». Des activités pédagogiques généreuses qui ne l’empêchent naturellement pas de continuer à s’occuper passionnément de la carrière de sa fillette. « Je la suis une ou deux heures par jour. Une fois la semaine environ, elle prend aussi des cours avec Mme Longrée-Poumay, mon ancien professeur, qui fait avec elle un excellent travail de mise en place. Et puis, une ou deux fois par mois, nous nous rendons à Paris où Brigitte Angerer, la grande pianiste française, a accepté de prendre Eliane sous sa protection ». En fait, c’est par l’intermédiaire de cette « diva » du piano qu’Eliane s’est retrouvée sur le plateau de l’émission de Jacques Martin. « Lors d’une précédente « Ecole des fans » dont elle était la vedette et à laquelle nous assistions en spectatrices, Brigitte Angerer, qui avait entendu parler d’Eliane, lui a demandé de jouer quelque chose après l’émission. L’audition terminée, elle s’est précipitée vers Jacques Martin pour lui dire : « Si vous voulez quelqu’un de vraiment exceptionnel, prenez cette enfant ! ». Et le mois suivant, Eliane était invitée à l’émission… ».

Une petite fille comme les autres

 

A la lecture de ce qui précède, Eliane Reyers pourrait vous apparaître comme un de ces petits phénomènes graves, sérieux, isolés par leur talent. Grave erreur ! Mignonne et enjouée, Eliane croque dans la vie avec l’appétit de tous les gosses de son âge. Sachez, par exemple, qu’elle est plutôt casse-cou à vélo et qu’elle aime beaucoup… Lio (« Surtout pour sa figure et pour ses robes ») ! « Elle est du signe des gémeaux et on jurerait qu’il y a deux personnalités en elle. Car lorsqu’elle retrouve son piano, la petite fille espiègle et délurée devient sensible, intense, passionnée. Elle a alors la maturité d’une étudiante de vingt ans ! » Ce parfait équilibre, elle en aura bien besoin dans les prochains mois. Son calendrier, en effet, ressemble étrangement à celui d’une vraie « pro » : non seulement elle prépare un concerto en ré majeur avec orchestre de Haydn qu’elle donnera en fin d’année, au Grand Théâtre de Verviers, en première partie de Michael Fireman, mais en plus, elle va enregristrer un disque de valses et de mazurkas de Chopin qui sortira pour les fêtes aux éditions Duschene. Et pour 1988, une foule de concerts sont déjà programmés, dont un avec Brigitte Angerer et un autre avec Cyprien Katsaris ! Seule petite fausse note dans cet hymne à l’optimisme : la formation d’une jeune virtuose coûte pas mal d’argent. A ce propos, au moment où l’on parle de plus en plus de « sponsoring artistique », le cas d’Eliane Reyers ne mériterait-il pas qu’une entreprise s’y intéresse ? A méditer, en tout cas… Gérard MIGNOT. (Pour tout renseignement sur la FOMAS, contacter Mme Gillard au 087/31.64.14)

Agenda artistique

Décembre 1982

 

JOURNAL DE HUY ET DE DURBUY

Juillet 1983 : de grands artistes ont déjà signé pour Durbuy.


De grands artistes ont déjà signé pour Durbuy : Abdel Rahman El Bacha (1er Prix Reine Elisabeth 1979) le 23 ; Frédéric Gevers, le 16 ; une jeune étoile montante Patrick Dheur le 30 et pour ouvir ce mois des pianistes, l’Autrichien Jörg Demus. Avant son récital, il donnera cours à la lus jeune de ses élèves : Eliane Reyes que 52 privilégiés on entendu le 3 octobre dans l’ancienne résidence durbuysienne d’un directeur belge de l’opéra de New-York, D. Defrère. Trop petite pour toucher les pédales du piano, elle a joué de mémoire pendant 314 d’heure Bach, Mozart, Franck, Scarlatti et ses propres improvisations, provoquant l’admiration par son phrasé superbe, sa technique impeccable et une présence gracieuse au moment des fleurs et des applaudissements. Sagement, son calendrier ne prévoit qu’un concert par an, l’école froebel tous les matins et le piano l’après-midi.

Bach – Mozart – Franck par une pianiste de 5 ans

1 Octobre 1982

 

JOURNAL DE HUY ET DE DURBUY

Lors de chaque foire des antiquaires de Durbuy, le Festival de cette ville propose un concert de musique ancienne. Pour la 25e édition, il convenait de célébrer dignement un tel événement et la virtuose choisie est vraiment remarquable bien qu’elle n’ait que… CINQ ANS. Cela ne l’empêche nullement de posséder déjà un répertoire très vaste puisqu’elle jouera le dimanche 3 octobre à 20h. deux préludes de Bach, une sonate en do majeur K 358 de Mozart, une sonate avec croisement de mains de Scarlatti et les plaintes d’une poupée de César Franck. Présentant de dons réels depuis l’âge de 3 ans et travaillant jusqu’à présent de mémoire, Eliane Reyes n’avait eu jusqu’à présent comme auditoire que le Rotary de Liège. Elle a la chance d’avoir pour père un violoniste mexicain attaché à l’orchestre philarmonique de Liège et pour maman un professeur de piano de l’académie d’Eupen. Elle est dispensée de l’école primaire tous les après-midi. Le premier récital public de sa future carrière aura lieu à Durbuy chez le président du Festival, 24, rue de la Haie Himbe, sur recommandation du célèbre pianiste autrichien Jörg Demus qui l’avait auditionnée le 16 iuillet dernier. Elle succédera au duo Haag et au duo Dekaine, qui avaient animé les deux derniers concerts de foires d’antiquaires à Durbuy. Réservations pour le dimanche 3 octobre à 20 h. : à Durbuy, la baguerie r. d’Ursel et à Liège, Disques Duchesne, 41, rue des Guillemins.

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